Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

proposaient hardiment de donner au cuirassé menacé par la torpille le même genre de protection que le guerrier du Moyen Age ou de l’antiquité, en butte aux flèches et aux carreaux d’arbalète, trouvait dans son large et long bouclier.

En soi, le problème qui consiste à faire exploser la torpille a quelques mètres de la coque sur une sorte de muraille métallique détachée, — imaginez une porte d’écluse très longue, — suffisamment résistante, quoique légère, grâce à un cloisonnement très étudié ; ce problème, dis-je, ne présente pas de bien grandes difficultés. Les objections du marin sont d’un tout autre ordre que celles du constructeur, et ces objections valent qu’on s’y arrête.

C’est une grande gêne dans tous les cas, et particulièrement quand il fait mauvais, que ces deux boucliers remorqués par le bâtiment et remorqués de manière qu’ils se tiennent toujours à sa hauteur, en l’encadrant aussi exactement que possible. Ce n’est pas tout : il faut que ces murailles artificielles restent à peu près à la même distance de la véritable coque et quand elles recevront les assauts de la mer juste par le travers, le système d’espars et de « défenses » qui sera chargé de les tenir à l’écartement voulu aura fort à faire… Et puis il est bien entendu qu’on ne peut combattre, au moins en haute mer et contre des bâtimens, avec de tels impedimenta, qui retarderaient à l’extrême allure, mouvemens et girations. Il faudra donc que, lorsque l’ennemi sera signalé, on puisse « larguer » rapidement les boucliers, comme le fantassin, en certains cas, dépose sac et équipement pour mieux courir à l’assaut.

J’expose impartialement ici le pour et le contre d’une question intéressante. Une solution s’inspirant de l’idée féconde du « bouclier » sera peut-être bientôt trouvée. Il y a d’ailleurs d’autres systèmes de protection auxquels je ne puis m’arrêter. Disons seulement qu’en cette affaire comme en tant d’autres, à la guerre, il faut se décider et vouloir ; lourde responsabilité, souvent !


Il est évident a priori, pour qui réfléchit du moins, que les armes sous-marines peuvent, dans la guerre de côtes, servir l’assaillant aussi bien que le défenseur. Il n’est que de savoir les employer. Sans aller plus loin, la mine automatique dont nos adversaires se servent si bien contre nous, en offensive, a été