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L’Union patriotique des femmes belges avait été virtuellement créée dès le lendemain de l’ultimatum : - elle fut définitivement constituée le 8 août. Elle s’occupa du placement d’employés et d’ouvriers des deux sexes et de l’assistance à accorder aux chômeuses ; en octobre 1914, 1e Comité national de secours et d’alimentation lui octroya son appui, ce qui lui permit d’atteindre un développement important : en sept mois, 65 577 francs de salaires sont distribués aux ouvrières du vêtement, 58 821 francs à des ouvrières dentellières ; bientôt l’œuvre y adjoignit des sections diverses, telles que la section des jouets et celle du travail des mutilés.

D’autre part, chacun s’efforça de venir en aide aux malheureux réfugiés de province : ce fut surtout en leur faveur une vaste distribution de vêtemens, puis on leur trouva des asiles, et plusieurs comités furent créés.

Quant aux blessés, on leur avait préparé des centaines d’ambulances. Le Palais Royal, aménagé par la Reine, continua à fonctionner normalement malgré son départ ; on dut y loger de nombreux Allemands, mais, peu à peu, on y concentra les blessés belges et français, — de grands blessés qui n’avaient pu être évacués en Allemagne et des blessés qui furent amenés des autres ambulances du pays, des provinces de Liège, Luxembourg et Namur. On réserva plus spécialement aux Allemands l’hôpital militaire et le palais des Académies. Hélas ! toutes les ambulances privées, qui avaient exigé tant d’efforts et tant de frais, se fermèrent l’une après l’autre par ordre de la Croix-Rouge allemande. Est-il nécessaire d’ajouter que celle-ci s’empara à maintes reprises de tout le matériel sanitaire qu’elle put dérober et qu’il advint même qu’elle fit main basse sur l’encaisse de la Croix-Rouge belge s’élevant à plus de 200 000 francs !

La Société privée des Petites-Abeilles fit également preuve d’un dévouement inlassable. Je l’ai vue à l’œuvre dès la première heure, cherchant sans cesse à accroître son champ d’action. Elle distribua des vêtemens, des layettes, du pain, des vivres, puis elle constitua des cantines qui ne tardèrent pas à dépasser la centaine ; il y en eut pour les enfans débiles et pour les mères nourrices, sans compter les distributions de lait et de phosphatine qui étaient faites sous une surveillance médicale.

Dans ces cantines, comme dans les Restaurans populaires où des repas sont les uns gratuits, les autres à 0 fr. 40 ou à 0 fr. 60