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Les forces adverses comprennent 6 000 fusils avec 37 mitrailleuses et 16 canons. L’ennemi, comme on l’espérait, fut surpris, et les premières manœuvres obtinrent un plein succès, si bien que, le 8, les Anglais se portent sur Seraragua. Le même jour, à six heures du matin, van Deventer arrive en vue de la Lumi : la cavalerie se masse au Sud des marais de Ziwani. L’infanterie atteint l’Est du lac Chala. Par un habile mouvement tournant, il rejette l’adversaire sur Taveta, puis organise pour la nuit le terrain conquis. Sur ces entrefaites, 500 fantassins ennemis, coupés du gros des leurs, voulurent traverser la Lumi, égaillés en tirailleurs dans la brousse. Ils n’y purent réussir grâce à la vigilance des postes sud-africains. Cependant, Tighe et sa IIe division préparaient l’attaque de Salaita.

Disons en passant que les agens de liaison ont de fréquentes rencontres avec les fauves. Ainsi, un motocycliste chargé d’un message urgent se trouve soudain en face d’un rhinocéros qui le charge aussitôt. Il parvient à se garer à temps, mais laisse sa machine sur la piste. L’odeur de l’essence empêcha sans doute le fauve de flairer l’homme qu’il cherchait. Le cycliste reprenait sa motocyclette pour continuer sa route, quand brusquement l’énorme bête revint sur lui. Une fois de plus, le même fourré cacha le soldat, mais cette fois il ne restait plus rien de la machine qui fut piétinée et détruite.

Le ravitaillement de ces colonnes devient de plus en plus difficile, surtout dans la région de Longido et le pays de Masaï, le plus giboyeux du monde. Sous la verdure des forêts les marécages y rongent le sol. Sur les chaussées en rondins, construites au jour le jour, roulent de gros camions-automobiles qu’escorte une garde de soldats noirs du Cap. De ce convoi dépend l’existence de la colonne tout entière. Son camp est établi au pied du neigeux Kilimanjaro, la « montagne des eaux, » ruisselante sous la fonte des neiges.

L’adversaire se replie, alors, sur le col de Latema. Lancée à sa poursuite l’armée anglaise atteint la Lumi, mais n’y trouve qu’un pont incapable de porter la grosse artillerie. En quarante-huit heures, le génie y supplée, tandis que la réserve pressant le pas ralliait la colonne. Les éclaireurs annoncent la présence de l’ennemi solidement retranché dans la passe. Malgré son incertitude complète sur les forces qui lui font face, le général Tighe les attaque. Un jour et une nuit se passèrent en assauts