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lorsque l’on apprend que l’abbé Buonavita et le valet de pied Gentilini sont arrivés en Angleterre. Partis de Jamestown le 17 mars, ils ont touché terre vers le 2 mai. Mais on les a retenus à Portsmouth à bord du Flamen, bâtiment de l’Alien Office jusqu’à ce qu’on ait reçu par le chargé d’affaires de France une réponse à la demande qu’ils ont faite d’être débarqués à Cherbourg. Le ministre, M. le baron Pasquier, répond à M. de Caraman qu’il ne lui sera sans doute pas difficile d’obtenir qu’ils soient transportés dans les Pays-Bas ; et en effet le chargé d’affaires informe M. Pasquier le 15 mai qu’ils vont être menés à Rotterdam. Ils y arrivent le 20, et se rendent à Bruxelles d’où ils gagnent Paris ; le 1er juin, des passeports sont délivrés, à Gentilini pour l’île d’Elbe, à Buonavita pour Rome.

O’Meara cependant a appris le 18 mai l’arrivée de Buonavita, et il en a aussitôt informé Madame. Il a obtenu, le 22, de nouveaux détails : « Antommarchi, écrit-il, ne sait plus quoi faire pour guérir son malade dont l’état empire chaque jour. » Il donne des nouvelles du prochain départ du ménage Bertrand. « Par suite de tous ces départs, ajoute-t-il, on a adressé une note officielle au gouvernement anglais, dans laquelle on demande des remplacemens. On veut quatre personnes dont une ayant servi, un aumônier et un médecin. »

Il ne saurait être douteux que cette lettre adressée à Madame fut interceptée par le cardinal ainsi que les lettres suivantes que dut écrire O’Meara, lequel, ayant rejoint Buonavita et ayant reçu de lui de déplorables nouvelles de l’Empereur, écrivait le 19 juin à lord Bathurst que, la crise actuellement arrivée ayant été officiellement annoncée par lui, il demandait à retourner à Sainte-Hélène. Le 29 juin, la princesse Pauline écrit à lady Holland : « Je profite d’une bonne occasion pour me rappeler à votre souvenir et vous prier de vouloir bien me donner des nouvelles de mon bien-aimé frère dont l’état de santé m’inquiète beaucoup par les bruits que l’on fait répandre sur son mauvais état. Nous n’avons reçu aucune nouvelle du prêtre qui est arrivé de Sainte-Hélène ; il vous serait peut-être possible de vous en informer et de me donner ces nouvelles positives. »

Ainsi, même les lettres d’O’Meara qu’il connaît et dont il sait l’existence authentique, même les lettres de Buonavita qui est son homme et qu’il a lui-même désigné, Fesch supprime tout et, tant il est asservi aux individus qui l’exploitent, il se