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étudiés, richement nourris de faits et de chiffres. La coordination de toutes les bonnes volontés fut si étroite, — la guerre, qui fit de nous il y a deux ans de si prompts improvisateurs, va-t-elle nous donner le génie de l’organisation ? — que M. Pierre Decourcelle, chargé de rapporter les décisions de la conférence de Lyon, n’eut pas de peine à les faire unanimement adopter et à grouper en une seconde et plus éclatante manifestation tous les artisans du Livre. Au cours de réunions tenues à la Société des Gens de Lettres, auxquelles prirent part les représentans des auteurs et des musiciens, des éditeurs et des imprimeurs, des fabricans de papier, des graveurs, de toutes les associations, en un mot, qui constituent le Cercle de la Librairie, l’organisation d’un Congrès national du Livre fut décidée et les rapporteurs se mirent incontinent à l’œuvre avec une ardeur et une compétence dont témoignent les travaux soumis au Congrès.


Pour beaucoup d’entre nous, dans le monde du livre, l’image colossale de Leipzig, citadelle formidable de l’édition allemande, était devenue depuis quelques années une obsession, une véritable hantise. Et cependant, à voir clairement les choses, celle hégémonie, que l’orgueilleuse ville marchande s’arroge si fièrement, est-il exact qu’elle la détienne, ou, à supposer que cela soit, qu’on ne puisse la lui ravir ? Capitale du livre, l’est-elle vraiment ?

Pour l’Allemagne et tous les pays de langue allemande, certes elle l’est et le restera. Sa puissance s’étend au delà des frontières de l’Empire, en Scandinavie, en Russie, où plus d’un million et demi d’hommes parlent allemand, en Suisse allemande. Ce privilège, elle le doit tout d’abord à sa situation géographique. Centre de chemins de fer, elle se trouve au milieu de l’Allemagne, installée comme l’araignée au cœur de sa toile. Des rails, encore des rails, toujours des rails convergent vers elle et partent d’elle. Depuis qu’elle a détrôné Francfort, l’ancienne cité du livre allemand, force a été pour tous les Etals du Nord de l’Europe de s’adresser à ses commissionnaires, chargés par les éditeurs de l’Allemagne entière de grouper tout ce qui s’imprime outre-Rhin et tout ce qu’il arrive de livres français et anglais sur le territoire de l’Empire.

Au delà des mers, Leipzig a l’avantage également d’une