Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/604

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Du moins ne sont-elles pas fâcheuses pour tout le monde.

Voilà ce que l’on apprend à Douaumont, tout en buvant de l’eau minérale bénévolement transportée par les corvées allemandes. Certes, il y a du plaisir à dépouiller un dossier bien fait. Dans les couloirs du fort, on a ramassé dix ou quinze mitrailleuses que les Allemands avaient descendues pour les soustraire à notre bombardement. Elles étaient mises en batterie, mais ils n’en ont pas fait usage. Aujourd’hui, nous nous en servons. Ainsi en est-il du dossier de la Kommandantur.


Cependant, les visiteurs apportent aussi, d’en bas, leur part de nouvelles. Ils disent le chiffre des prisonniers qui, déjà, a dépassé cinq mille, plus 140 officiers dont 8 commandans de bataillon, et ce chiffre augmente de jour en jour. Ils disent l’importance du butin : dans la seule journée du 24 octobre, 15 canons dont 5 de gros calibre, 51 canons de tranchée, 140 mitrailleuses et un matériel de guerre considérable comprenant fusils, munitions, outils et deux postes de télégraphie sans fil. Cependant, le fort de Vaux se défend encore : sur Vaux-Chapitre, la bataille fait rage. Vaux, décidément, ne tombe pas d’un seul coup comme Douaumont.

Mais voici qu’un officier du 2e bureau, rassemblant et recopiant les interrogatoires des prisonniers, reconstitue la bataille du côté allemand. Rien n’est plus profitable que de l’écouter : on a l’impression que l’ennemi livre ses misères. Le dossier de Douaumont est dépassé.

Le commandement allemand, au dire de nombreux officiers, ne croyait pas à une offensive de grande envergure ; tout au plus s’attendait-il à des attaques locales destinées à retenir des forces devant Verdun. Le dispositif adopté compliquait les ordres : sept divisions accolées sur un front de 9 à 10 kilomètres, ayant chacune une étroite fenêtre en première ligne et des bataillons au repos à une étape en arrière. Notre préparation d’artillerie, commencée trois jours avant l’attaque, avait en majeure partie nivelé les organisations défensives de l’ennemi, dans la zone qui s’étendait du ravin de Helly à la Fausse-Côte, défoncé les arbres, enterré les mitrailleuses. La destruction des abris de première et deuxième lignes eut pour conséquence d’obliger les renforts et les réserves à se disperser pour chercher