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L’Allemagne serait si raisonnable ! « Tout ce qu’elle demande, c’est simplement Anvers, la côte de Flandre, les houillères belges, les mines de fer du Nord-Est de la France, Briey et Longwy. » Mais, là non plus, il n’y a pas de ligne Hindenburg ; cette ligne n’est pas une ligne, c’est une suite échelonnée de positions ; c’est un système de défense à plusieurs lignes ; et la première est la paix Reventlow, celle des agrariens et des pangermanistes, celle du Comité de Dantzig ; on l’appelle « Hindenburg « pour lui porter bonheur. La troisième est la paix Scheidemann, la paix socialiste, la paix sans annexions et sans indemnités. Entre les deux, indécise, flottante, la paix Bethmann-Hollweg, qui aimerait mieux se rapprocher de la première, mais se reporterait au besoin sur la troisième. N’hésitons pas à dire que, dans l’état présent des choses, après trois ans d’une pareille guerre, toutes les deux, paix impérialiste ou paix socialiste, paix Hindenburg ou paix Scheidemann, seraient la paix allemande. Ce ne serait pas en finir que de finir pour recommencer. Souvent, quand a été renouvelé le serment des premiers jours : « Jusqu’au bout ! » — « Jusqu’au bout de quoi ? » a-t-on demandé. Jusqu’au bout de la volonté et de la puissance d’agression allemande. Il n’y aura de paix que la paix qui brisera entre les mains de l’Allemagne, — empereur allemand et peuple allemand, — les moyens de nuire, et, autour d’elle, effacera ses influences sinistres. C’est ce que M. Ribot, dont la simple éloquence fuit toute déclamation, et que sa modération autorise à se montrer inébranlable, a signifié, du haut de la tribune, en termes sur lesquels il n’y a point à revenir, et auxquels le gouvernement anglais, par la bouche de lord Robert Cecil, a donné, le lendemain, son approbation : « Ils viendront demander la paix, non pas hypocritement comme aujourd’hui, par des moyens louches et détournés, mais ouvertement, et nous ferons cette paix à des conditions dignes de la France. Et, s’ils ne la demandent pas, cette paix, nous saurons la leur imposer ! »

M. Ribot l’a dit simplement, définitivement, et, pour le répéter, sans fanfaronnade, nous n’avons qu’à regarder ce qui se passe ou ce qui se prépare au plus près et au plus loin de nous. « Nous avions pu, — c’est encore M. Ribot qui parle, — avoir quelque inquiétude sur la façon dont le gouvernement russe... était enveloppé par d’autres influences qui rendaient son action difficile, et qui laissaient le champ libre à une sorte d’anarchie. » Mais tous nos doutes, la dernière phrase du télégramme de M. Tereslchenko les dissipe. Appuyé par la nation tout entière consciente de son devoir, « le gouvernement provisoire