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divisions, il représentait aux yeux de l’ennemi un objectif d’une importance capitale pour son offensive sur Verdun. Il le couvrait du côté de la Woëvre qu’il domine ; il lui permettait d’utiliser les ravins du Bazil, du bois Fumin, des Fontaines et les fonds de la Horgne et de la Gayette pour dissimuler ses mouvemens et préparer ses actions ; il lui fournissait des vues sur Tavannes et sur Souville ; il lui ouvrait enfin, par les bois de Vaux-Chapitre, l’accès de Souville, rempart de Verdun.

Le fort est élevé sur une hauteur arrondie qui est le dernier contrefort du massif de Souville sur la Woëvre. Cette hauteur, engagée entre le ravin du Bazil au Nord qui aboutit au village de Vaux-devant-Damloup, et, au Sud, le fond de la Horgne, ressemble à quelque lourd vaisseau échoué à l’embouchure d’un fleuve, car elle surplombe de ses pentes, d’abord lentes, puis raides, la plaine de Woëvre, pareille à la mer. Elle est entaillée de ravins profonds dont tous les noms sont devenus familiers : ravins des Fontaines, de la Sablière, du bois Fumin, de la Horgne, de la Gayette. A la suite des combats livrés dans cette région dévastée depuis des mois, le terrain est complètement bouleversé. Avec les trous, les fondrières, les arbres arrachés, les racines, les débris de toutes sortes, il oppose des obstacles naturels à une progression. Notre attaque devait s’étendre dans ce secteur, du Nez de Souville, sorte de promontoire au-dessus du ravin des Fontaines dont l’ennemi s’était emparé au début de septembre, jusqu’au fond de Beaupré que nous dominions et qui est séparé du fond de la Gayette par la crête qu’un régiment de Savoie a désignée ironiquement sous le nom de crête du Mont-Blanc. Elle avait pour objectif, en liaison à gauche avec le 401e régiment de la division Passaga, le bois Fumin à l’Est du ravin des Fontaines, jusqu’à l’étang de Vaux, la digue qui commande l’entrée du village de Vaux et le village même, toute la croupe portant le fort jusqu’aux pentes qui descendent à la Woëvre, le fond de la Horgne, le fond de la Gayette et le village de Damloup entre les deux. Ainsi la prise du fort serait-elle étayée par la possession des pentes et des ravins qui lui servent d’accès.

L’ennemi avait organisé, non sans habileté, sa plus solide ligne de défense très en avant du fort dont les ouvrages extérieurs, contrescarpes, fossés, coffres, observatoires, tourelle, battus par notre tir, étaient en mauvais état. Cette organisation