Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 40.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

atteint 6 786 000 francs. Dans l’ensemble, de 1906 à 1915 inclus, leur total n’atteint guère plus de 45 millions, soit une moyenne de 4 500 000 francs par an environ. Ce raisonnement établit formellement que les charges réelles de l’armement sont de beaucoup plus élevées que celles que l’Etat a la prétention de compenser. Il y avait, entre l’Etat et les armateurs, une sorte de contrat synallagmatique que l’une des parties n’a pas exécuté, tandis qu’elle exigeait au contraire, que toutes les clauses en fussent respectées par la partie adverse qui, en l’espèce, n’avait qu’à s’incliner.

Si l’exploitation de nos navires doit être gérée sur les bases de l’union entre le patron et les marins, il est non moins indispensable qu’il règne entre les propriétaires de navires et le Parlement un esprit de concorde absolu. Les représentans du pays et ceux de l’armement doivent se mieux pénétrer, afin d’établir entre eux des accords durables. A ce point de vue, il est opportun que les armateurs soient fixés sur le régime qui sera réservé à la marine marchande, car celui de la loi du 19 avril 1906 vient à expiration le 20 avril 1918. Un projet de loi prorogeant la loi de 1906 pour une durée égale à celle de la période de guerre a, il est vrai, été votée dernièrement. Mais il ne saurait s’agir là que d’une mesure provisoire destinée à nous permettre d’examiner une bonne fois la situation qui résulte, pour la marine marchande, de notre législation et de notre réglementation nationales. Quand nous saurons où nous allons les uns et les autres, nous pourrons travailler utilement et faire des projets d’avenir.

L’Etat distribue également des subventions postales. En l’espèce, il ne s’agit plus de compenser des charges, mais bien de rémunérer des services. La critique de nos conventions nécessiterait une longue étude que je n’ai pas l’intention d’aborder. Il me suffira de dire que les exigences postales que subissent nos courriers, du fait de l’ingérence administrative, entraînent pour eux plus d’inconvéniens que d’avantages. La preuve en est que nos lignes subventionnées rapportent moins à leurs armateurs que les autres. Une commission a été nommée pour réviser les conditions des cahiers des charges et c’est vraisemblablement à cette conclusion qu’elle aboutira. Si l’on veut permettre à nos compagnies postales de subsister, il est nécessaire de leur donner une plus grande liberté d’allures. On