Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 40.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dixmude : nos tirailleurs le rejetèrent cependant au Nord-Est de la station de Pervyse ainsi que sur Klosterhoek et Vicogne, tandis que l’amiral repoussait, en avant de Dixmude, le dixième assaut. Mais l’ennemi poussait fiévreusement son artillerie dans la boucle et sur la rive gauche.

Maintenant, l’inondation était si incommode que l’État-major allemand devait s’en préoccuper. Sa proie allait lui échapper. Il fallait dans les vingt-quatre heures et quand, au risque d’enfoncer dans l’eau parfois jusqu’à la ceinture, on le pouvait encore, pousser jusqu’à la voie ferrée, en saisir, à tout prix, un point et, en franchissant ce faible rempart, rendre vaine l’inondation. Le 30, ce fut une ruée sur Ramscapelle tenue par les Belges. Ceux-ci furent balayés à cinq heures du matin et déjà les Allemands, maîtres de la voie, poussaient leurs hourras de victoire : ils dépassaient la station, le village, couraient vers l’Ouest ; ils étaient hideux, mouillés jusqu’à mi-corps, crottés jusqu’aux cheveux, mais d’autant plus excités à élargir la trouée, ne fût-ce que pour échapper à la plaine inondée. À midi, de Dixmude à Nieuport courut la consternante nouvelle : le nouveau front était percé et l’inondation déjouée par l’ennemi.


IX. — LA BATAILLE DE L’YSER : LE COMBAT POUR RAMSCAPELLE

« L’incident de Ramscapelle, écrivait à quatorze heures le général d’Urbal au général Humbert, ne modifie pas mes intentions (d’offensive sur le Sud). Grossetti rétablira certainement la situation. Donnez-lui un bataillon et un groupe, si vous le jugez nécessaire ; mais ne vous laissez pas influencer par ce qui se passe de son côté : vous vous habituerez comme moi, ajoutait-il presque plaisamment, à avoir mal à l’épaule gauche. »

Et, en effet, tandis que la 38e division attaquait au Sud sur le front Merkem-Luyghem en liaison avec le groupe Mitry, Grossetti jetait, dès le 30, à quatorze heures, sur Ramscapelle, avec mission de reprendre à tout prix village et chaussée, un bataillon du 151e, un du 8e tirailleurs, un du 4e zouaves et le 16e chasseurs à pied, le 7e de ligne belge devant déborder, cependant, le village au Sud et au Nord.

L’attaque fut d’abord brisée par des mitrailleuses placées à la lisière Ouest du village. On fit appel à l’artillerie pour une nouvelle préparation. Pendant qu’entre Pervyse et Dixmude,