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L’AVENTURE SENTIMENTALE
DE
J.-H. BERNSTORFF
(1741-1748)

Le nom de Bernstorff, aujourd’hui porté par un zélé serviteur de Guillaume II, est celui d’une famille de hobereaux hanovriens qui se montrèrent parfois animés de la haine traditionnelle des Guelfes à l’égard des Hohenzollern. Cette famille a compté des hommes d’Etat éminens, adversaires irréconciliables de la monarchie prussienne. Au XVIIe siècle, André Bernstorff, dit l’ « Ancien, » s’attacha à la fortune de ces princes de Brunswick-Lunebourg-Hanovre qui aimèrent passionnément tout ce qui venait de France, s’entourèrent de beaux esprits français et parlèrent à merveille la langue de Racine et de Molière. Bernstorff l’Ancien avait fait, à vingt ans, un séjour à Paris et s’était épris des idées françaises. Il était même devenu amoureux de la belle duchesse de Châtillon, sœur du maréchal de Luxembourg, mariée en secondes noces à un duc de Mecklembourg-Schwerin qui résida quelque temps à la cour de Louis XIV. Mais la politique l’accapara bientôt entièrement. Il devint chancelier de l’Electeur de Hanovre George-Louis et son adroite diplomatie fit triompher les prétentions de son maître au trône d’Angleterre laissé vacant par la mort de la reine Anne. Pendant une grande partie du règne de George Ier, il dirigea les affaires extérieures de l’Angleterre dans un sens nettement hostile à la Prusse.