Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 40.djvu/462

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à cause de ce qu’on appelle, dans le langage ésotérique des suppôts de Sainte-Barbe, la. hausse du jour.

Les tables de tir nous donnent en effet la hausse qui convient à la distance du but sous certaines conditions moyennes nettement fixées et étroitement limitées (emploi de cartouches donnant à l’obus la vitesse initiale inscrite dans les tables, conditions atmosphériques définies : température de 15°, pression barométrique de 750 millimètres, air calme). Si un jour quelconque une batterie doit tirer, elle ne se trouvera pas en général dans ces conditions moyennes. Si elle tire par exemple avec la hausse de 3 000 mètres, le point moyen obtenu (j’ai déjà défini ce terme) ne se trouvera pas en cette distance, mais par exemple à 3 040 mètres. Pour atteindre le but, il faudra donc inversement employer non la hausse de 3 000 mètres, mais la hausse de 2 960 mètres, c’est-à-dire corriger, et en sens contraire, la hausse théorique de l’écart obtenu. La hausse ainsi corrigée s’appelle la hausse du jour, qui dépend surtout des conditions atmosphériques. On admet qu’elle est la même pour toutes les batteries tirant au même moment dans la même direction.

Cette hypothèse n’est exacte que lorsqu’il s’agit de batteries très voisines, car ces conditions atmosphériques peuvent varier beaucoup d’un point du terrain à un autre éloigné. La différence entre la hausse des tables et la hausse du jour est ce qu’on appelle l’écart de la hausse du jour ; il varie naturellement avec la distance et augmente avec elle. Cet écart est à peu près deux fois plus grand lorsqu’on tire à 6 000 mètres par exemple que lorsqu’on tire à 3 000. Je dis à peu près, car il est évident que les variations atmosphériques peuvent n’être pas homogènes, de même sens et proportionnelles, en tous les points des trajectoires intéressées.

De même il est clair que l’expression hausse du jour n’a qu’une apparence fallacieuse de précision, les conditions de l’atmosphère variant sans cesse et partout d’un bout à l’autre de n’importe quelle journée. Pour être rigoureux, il faudrait parler de la hausse de l’heure, de la hausse de l’instant... Mais l’art de tirer des coups de canon n’en est pas encore à ce point de complication. Ce sera sans doute pour la prochaine guerre.

Les résultats des expériences faites sur un grand nombre de coups tirés dans les conditions les plus variées ont conduit à admettre qu’avec les armes actuellement en usage il y a une chance sur deux pour que la hausse du jour ne diffère pas de la hausse des tables de plus de deux et demie pour 100 de celle-ci. Autrement dit, si on tire