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canon est vu par au moins deux postes différens. Ces deux guetteurs d’artillerie munis de viseurs gradués spéciaux, déterminent chacun une direction. Le recoupement sur la carte de ces directions communiquées par téléphone fournit sans ambiguïté le point cherché.

Les Allemands emploient comme nous-mêmes sur une vaste échelle ce procédé classique d’observation par recoupement. Si, au lieu de deux observateurs, trois ont fait des visées, on a par surcroît une valeur de la précision obtenue, ou si on préfère de l’erreur maxima commise, qui est toujours petite ; mais par surcroit le troisième observateur a l’avantage de démontrer qu’il s’agit bien d’un même coup de canon, et non de deux différents confondus par erreur, comme il pourrait arriver.

Ces postes d’observation d’artillerie consistent généralement, comme les postes de guetteurs d’infanterie, en un abri enterré, blindé si possible et muni d’une fente étroite pour l’observation. Il va sans dire qu’il y a de nombreuses variantes moulées sur les conditions locales.

Pour avoir des vues sur les objectifs éloignés de l’artillerie il est essentiel de placer ces postes sur les points élevés. C’est pour ce motif que la lutte pour la possession de ces points est toujours si âpre d’un bout à l’autre du front.

La bataille terrible qui se poursuit depuis des semaines pour la possession du tragique « Chemin des Dames » illustre d’une manière sanglante cette importance des observatoires. De la crête que dessine le Chemin des Dames nos observateurs découvrent tout l’arrière des positions allemandes vers l’Ailette, leurs positions d’artillerie, leurs voies de communication. — Inversement la possession de cette crête d’observation permettrait à l’ennemi des vues étendues en profondeur sur nos lignes et lui permettrait de nous faire beaucoup de mal en assurant le réglage de ses tirs. De là l’acharnement de la lutte en ce lieu, et en tant d’autres analogues comme la crête de Messines, si brillamment conquise naguère par les Anglais.


Tout ce que nous venons d’expliquer relativement au réglage par l’observation des coups s’applique aux coups perçu tans, c’est-à-dire aux obus éclatant à la surface du sol où ils projettent généralement une gerbe sombre de terre déchiquetée bien visible. Mais tel n’est pas toujours le cas. Il peut arriver que les coups percutans ne soient pas observables ou que la nature du sol rende irrégulier l’éclatement de