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à ces coups un front impassible. Il donnait l’ordre de faire l’impossible pour reprendre, avec l’appui des bataillons français, le terrain abandonné.

On fut instruit, ce 30, à dix-sept heures, au quartier général du général Foch, que la ligne anglaise avait fléchi au Sud-Est d’Ypres.

Le général courut à Saint-Omer, — quartier général de French, — et spontanément offrit au maréchal de nouvelles forces ; il fut entendu que tous les élémens débarqués de la 32e division seraient portés dans la région menacée ; en outre, le général Dubois dirigerait, dans la matinée du 31, une partie de la brigade Bernard (de la 35e division) sur Becelaere et, vers Hollebeke, cinq bataillons, trois batteries et six escadrons sous les ordres du général Moussy. Ces deux détachemens, contre-attaquant ainsi sur les deux ailes du corps Haig, celui-ci pourrait reprendre l’offensive. D’autre part, la 32e division attaquerait Wytschaete et Houthem, le 9e corps faisant son principal effort sur sa droite.

Les Anglais, ainsi encadrés par les groupes français, devaient engager le combat sans nous attendre. Par un malentendu, ils restèrent inactifs. Le résultat est que l’attaque de la 32e division fut arrêtée par une violente contre-offensive entre Oosttaverne et Hollebeke, que le général Bernard, à gauche du 1er corps anglais, fut empêché de progresser, et que le général Moussy ne put que couvrir l’extrême-droite du général Haig. Le 1er corps anglais, assailli avec plus de violence encore que la veille, perdait définitivement Hollebeke et Zandvoorde, puis Gheluvelt à sa gauche, Messines à sa droite. Dans la matinée du 31, le corps Haig était rejeté à un kilomètre Est de Hooge et de Klein-Zillebeke. « Après plusieurs attaques et contre-attaques dans le cours de la matinée, écrit French, le long de la route Menin-Ypres, une nouvelle attaque fut menée très vigoureusement par l’ennemi et la ligne de la 1re division fut brisée. » Le pis était que le brusque arrêt de celle-ci exposant la gauche de la 7e division (Rawlinson), un régiment entier, le Royal Scott Fusiliers, était cerné. Le bombardement se faisait effroyable non seulement sur la ligne, mais en arrière : le général commandant la 1re division était ainsi blessé, et cinq de ses officiers tués dans son quartier général ; le général commandant la 2e division était également atteint.