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résume ainsi la philosophie de la guerre, et les raisons de l’Amérique : « Si vous ne vous étiez pas levés, ce n’est pas par des canons, ce n’est pas par des zeppelins, ce n’est pas par des bateaux que vous auriez été atteints, c’est par l’esprit méthodique de l’Allemagne, qui se serait insinué dans votre cœur, qui aurait pénétré dans votre cerveau, qui aurait essayé de violenter votre conscience, votre âme. Vous avez compris le péril. Nous voilà tous debout, les hommes libres. L’heure de la liberté humaine est arrivée. Nous sommes tous debout pour lutter, et nous irons ainsi jusqu’à la victoire. »


Boston, 12 et 13 mai.

Invitée par le Canada, la mission qui, d’abord, avait craint de ne pouvoir s’y rendre, trouve le moyen de répondre à l’appel de l’autre France. Par un véritable tour de force d’ubiquité, elle passera la frontière, sans cependant cesser d’être présente aux Etats-Unis. Pendant que M. Viviani part pour Ottawa, le maréchal se met en route pour Boston, d’où il se rendra à Montréal pendant que M. Viviani sera à Boston. Le lendemain du banquet du Waldorf, le maréchal débarque, au matin, sous un ciel gris, dans une ville endormie, pour se rendre au Capitole. Une salve de vingt et un coups de canon l’accueille. Solennellement, le cortège monte les grandes marches, pénètre sous le péristyle, puis, précédé d’un huissier portant l’emblème de l’Etat, entre dans la grande salle où Sénat et Chambre sont réunis pour l’accueillir : accueil grave, sérieux, réfléchi, d’un peuple qui sait ce que c’est que la guerre et s’apprête à y mettre toute son énergie. Au déjeuner, dans un édifice sombre et sévère, d’une simplicité toute puritaine, par une attention délicate, Boston, la musicale Boston, a su rechercher et trouver toutes les marches militaires françaises, de Sambre-et-Meuse à la Marche lorraine. Enfin, dans l’après-midi, d’interminables régimens, masses grises qui vont se perdre dans le brouillard, défilent aux sons de fanfares guerrières. Les grandes acclamations de la foule viennent ensuite : acclamations trop connues pour qu’il y ait ici la moindre raison de les noter encore ; mais ce qu’il faut signaler, c’est la fierté martiale toute spéciale au Massachusetts. Boston a la réputation d’être le centre du patriotisme américain ; il suffit, pour s’en convaincre, de lever les yeux. Nulle part ne s’est vue pareille floraison de drapeaux. Et