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porter sur la Sambre ; c’est du 13 au 16 que les divisions d’Algérie, antérieurement dirigées vers l’Est, sont acheminées vers la région de Chimay où elles débarquent ; c’est le 16 que le général d’Amade reçoit l’ordre de quitter le commandement de la région de Lyon pour se rendre à Arras et y constituer une armée nouvelle.

Dès lors, aussi, l’armée britannique, débarquée en Thiérache, combine son mouvement avec celui des armées françaises et se prépare à rejoindre la Sambre ; le groupe des divisions de réserve, commandées par le général Valabrègue, qui a organisé, pour la défensive, la région de Vervins, va se porter dans cette même direction.

Ainsi se trouve prévu et créé un front compact, s’étendant de Dunkerque à Dinant.

Mais l’on ne sait rien encore de certain sur les projets du commandement allemand : celui-ci couve son piège et sa surprise. Dans le doute qui subsiste, le commandement français se tient prêt en vue de deux hypothèses.

De deux choses l’une : ou les armées allemandes déboucheront sur la Meuse moyenne ou plus au Sud encore, et, alors, les armées françaises du Centre, secondant l’offensive déjà déclenchée dans l’Est, les attaqueront par les Ardennes et, en même temps, les armées de l’Ouest (armée Lanrezac, armée britannique, etc.) entreprendront de tourner l’ennemi par Namur, Charleroi, Mons ; ou bien les Allemands déboucheront au Nord de la Meuse sur Bruxelles et les places du Nord de la France : alors l’armée Lanrezac, l’armée britannique, etc. arrivées sur la Sambre, tenteront de les prendre de flanc pendant leur marche, tandis que nos armées du Centre (3e et 4e armées) fonceront droit au Nord pour les couper de Metz et du territoire allemand. En un mot, notre bataille étant une fois accrochée vers l’Est, toutes les forces disponibles se jetteront sur les armées allemandes pour les prendre de flanc dans l’Ouest, en plein mouvement tournant.

La preuve que cette volonté est celle du haut commandement français ressort à la fois des documens et des faits [1] : sa préoccupation principale, celle qui se manifeste par des ordres réitérés, est de garder ses armées bien ramassées et unies autour de la

  1. Voir l’ensemble des preuves et les dispositions détaillées des corps allemands et français dans l’Histoire de la Guerre de 1914, t. V, p. 263 et sq.