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à Marseille ? Durant la guerre, les ports secondaires ont effectivement rendu des services au ravitaillement du pays, mais cela tient surtout à ce que nos grands ports étaient débordés. L’infériorité de leur rendement n’entraînait en temps de paix que des inconvéniens d’ordre économique. La guerre éclate : des besoins énormes surgissent ; il faut, à tout prix, ravitailler la France et son armée. Nos ports devraient le permettre. Hélas ! on s’aperçoit que rien n’a été prévu pour parer à cet accroissement des importations ! Ce qui n’était autrefois qu’une faute administrative devient un danger pour la Patrie ! Lorsqu’on veut se servir de nos ports d’une manière intense, ils sont vite envahis par des amoncellemens de marchandises, de caisses, de colis, de ballots de toutes sortes, qu’on attend en vain dans les villes pour nourrir ou chauffer les habitans, dans les campagnes pour cultiver la terre, au front pour combattre l’ennemi. Partout on doit se mettre à l’ouvrage et se hâter pour improviser vaille que vaille, en pleine guerre, ce qu’on aurait dû préparer plus économiquement et mieux pendant la paix.

Dans cette besogne les Chambres de commerce locales font preuve d’une remarquable activité et d’un sens pratique averti. Partout elles multiplient les moyens de fortune pour se plier aux exigences du moment. Des wharfs surgissent à l’aplomb des rives des fleuves, où des grues élèvent leurs grands bras le long de môles qui n’en avaient jamais supporté. Il faudrait mentionner tous nos ports pour rendre aux Chambres de commerce l’hommage qu’elles méritent. Depuis le début des hostilités, celle de Bordeaux a pu livrer 600 mètres de quais nouveaux : les quais de Bourgogne, dits quais verticaux, sur la rive gauche du fleuve près du pont de pierre, ayant 198 mètres de longueur avec trois grues pouvant recevoir deux navires, et les appontemens de Bassins sur la rive droite avec 400 mètres de quais et six grues desservant trois navires. Dunkerque a ouvert le quai Freycinet n° 5 que la base britannique exploite à l’aide d’apparaux perfectionnés et-grâce à une importante gare créée de toutes pièces.

Marseille a continué l’exécution de son plan d’extension vers la baie de l’Estaque. Le bassin de la Madrague est maintenant protégé par un mur de quai de 200 mètres ; le môle G a été mis en service et la traverse du cap Janet est sur le point de l’être. Dans un petit port comme Dieppe, la Chambre de commerce