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Après midi, grande activité des deux artilleries. Visite de M. Millerand, ministre de la guerre, La nuit, bombardement « intermittent et méthodique : » chaque heure régulièrement, une rafale.

Vendredi 9 avril. — Dans la nuit du 8 au 9, bombardement de neuf à onze heures du matin, sans arrêt ; nombreuses bombes incendiaires. L’ennemi tape surtout sur le centre de la ville et le faubourg de Laon. Sont incendiées notamment la maison Minard, rue Gambetta, les Folies-Bergère, même rue, une maison en face de l’école maternelle, rue Anquetil ; plus légèrement atteints divers immeubles rue de l’Ecu, et la Société Générale, place Royale, si bien que vers minuit on peut compter une quarantaine de feux simultanés.

Lundi 26. — Pendant la nuit, violente canonnade sur le front de Reims, surtout à l’Est vers Prunay et Sillery. Ce sont de gros canons qui entrent en action, puis bientôt les mitrailleuses et les fusils, pendant que les fusées éclairent tout le front ; il n’y a pas de doute : c’est une bataille sur toute la ligne.

Mardi 27. — Canonnade prolongée, encore à l’est de Reims, avec quelques gros coups sourds venant de Brimont et de Bétheny ; la bataille continue sans doute. Vers quatre heures un quart, elle atteint son maximum de violence : le canon tonne sans cesse et on entend très distinctement les rafales de 75, ainsi que le crépitement des mitrailleuses.

Mercredi 19 mai. — A neuf heures, j’accompagne à l’école « Dubail » M. Dramas, journaliste rémois, qui m’a demandé de la visiter. A deux heures, nous allons ensemble à la cathédrale. Un désastre ! L’intérieur cependant est moins atteint que le dehors. Les statues de la tour du Nord sont presque complètement calcinées, et, à l’intérieur, les stalles de gauche sont brûlées complètement. Un obus a troué la voûte au-dessus du maitre-autel : chose extraordinaire, l’horloge est intacte, ainsi que les orgues.

Mardi 25. — Les journaux de Paris nous apportent la grande nouvelle : l’Italie a déclaré la guerre. Aussitôt, je me fais un agréable devoir de rendre visite à M. Mazucchi, consul général d’Italie : réception très chaleureuse, congratulations réciproques. A mon retour, je passe dans les classes annoncer la bonne nouvelle, je la commente un instant devant les élèves