Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 41.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand pour qu’on ouvrît les classes, l’instituteur ou l’institutrice n’abandonnèrent point cependant les quelques habitans qui y demeuraient encore ; ils secondèrent ou remplacèrent le maire dans l’administration communale. D’autres enfin, non moins esclaves du devoir, sont restés à leurs postes dans la partie encore envahie de la circonscription subissant depuis cette époque la dure loi de l’ennemi.


L’enseignement privé a ouvert ses premières écoles en novembre 1915, un an après l’ouverture des écoles publiques. Il en comptait au 30 mars 1917 trois, recevant 143 élèves. Leur installation, inspirée de celle des écoles publiques, fut, comme elle, imposée par la proximité du front et la destruction de presque tous les immeubles scolaires que l’enseignement privé possédait à Reims. C’était aussi une installation de fortune, imparfaite assurément, mais, comme l’autre, suffisante et non moins originale. La première école a été ouverte dans les caves de la maison Chauvet, rue Coquebert, établissement contigu à celui où était l’école « Joffre. » Les deux autres étaient dans des sous-sols : rue du Barbâtre et rue des Chapelains. En 1916, les deux premières ont présenté à l’examen du certificat d’études primaires, 4 candidats qui ont tous été admis.


Telle a été, jusqu’aux jours de l’évacuation, la vie et telle a été la situation de l’enseignement primaire dans la première circonscription de Reims, tout entière sous le feu des canons allemands. Les divers résultats qu’il a donnés prouvent l’utilité de l’œuvre et ses bienfaits ; les conditions dans lesquelles elle s’est poursuivie attestent le mérite des maîtres qui y ont collaboré et justifient, n’est-il pas vrai, les témoignages de satisfaction qu’a bien voulu leur donner récemment le gouvernement en les citant à l’« Ordre du jour » et en conférant la Légion d’honneur à leur doyenne.


OCTAVE FORSANT.