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laissa Landau et Sarrelouis. Un Italien au service de la France, Albergotti, était alors, depuis 1710, gouverneur de cette dernière ville. Il fut remplacé, en 1717, par La Trémoïlle, prince de Valmont.

Après la mort de Louis XIV, les bourgeois et les habitans de Sarrelouis écrivirent au Régent pour demander la confirmation de leurs privilèges. Le duc d’Orléans leur répondit favorablement, à la date du 17 octobre 1715. En 1722, la chronique locale signale un événement extraordinaire qui se produisit, soi-disant, à Sarrelouis. Le 7 janvier, jour de la Saint-Antoine, à la tombée de la nuit, bien que les portes de l’église fussent fermées, les cloches se mirent à sonner, à toute volée, sans l’aide de personne. Les bedeaux et la maréchaussée cherchèrent partout ; on ne trouva point de sonneur, mais les cierges étaient allumés sur tous les autels, et devant celui de saint Sébastien, un drap mortuaire était étendu. Ce fut le présage de la mortalité effrayante qui sévit cette année-là sur la ville et le pays environnant. L’épreuve passée, Sarrelouis rassérénée reprit bien vite sa prospérité, surtout après que le traité de Vienne en 1736 eut « rétrocédé » à la France les duchés de Lorraine et de Bar que le Roi possédait en droit depuis 1670, « à titre de réunion. »

« Quand on veut faire la paix à tout prix, on la fait mal, » a écrit Victor Duruy. C’est ainsi que cet éminent historien apprécie la paix d’Aix-la-Chapelle sous Louis XV, en 1748. Il fallut dans les années suivantes négocier de nouvelles alliances et se préparer à une nouvelle guerre qui devait être la guerre de Sept Ans. C’est dans ces conditions d’inquiétude que, dès 1753, Chevert vint établir son camp à Sarrelouis. Le département des Estampes possède un plan de la forteresse et du camp, avec l’emplacement des troupes sous les murs de la ville, dans la boucle de la Sarre. À cette époque, Sarrelouis était très prospère. Une statistique de 1756 y compte déjà des établissemens métallurgiques, 22 maîtres drapiers, une fabrique de savon, une fabrique de bas, 29 tanneurs, selliers et cordonniers dont les produits s’écoulent à Metz, Thionville, Dieuze, Strasbourg. Il y avait plus de six mille habitans. Dans la liste des maires, choisis généralement parmi les marchands, lus noms de forme française (Jean Noblet, Nicolas Bourgeois, Joseph Fauché, Michel Dupont, etc.), sont plus nombreux que les noms de forme allemande.