Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 41.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus formel et de plus en plus précis. En 1873, c’est même le Gouvernement britannique qui reprend la question, qui n’avance pas assez vite à son gré. Enfin, en 1874 (24 octobre), le Gouvernement français a communiqué au Gouvernement anglais le projet même d’acte de concession qu’il se proposait de faire à une Société et ce n’est qu’après avoir reçu l’approbation du Cabinet britannique, presque article par article, que le Gouvernement français a fait voter la loi donnant à la Société française la concession de la partie française du tunnel.

Il y a plus encore : en 1875, une commission dite « Commission internationale du Chemin de fer sous-marin, » composée de trois délégués français et de trois délégués anglais[1], a siégé tantôt à Paris, tantôt à Londres, et ses travaux ont abouti à la rédaction d’un protocole où sont réglées par le menu toutes les questions internationales que pourra soulever l’existence du tunnel : frontière sous-marine, durée de concession, droit de rachat, délai d’exécution, exploitation, entretien, et, enfin, le droit formellement réservé pour chaque gouvernement, quand il le jugera convenable dans l’intérêt de son propre pays, de suspendre l’exploitation du chemin de fer sous-marin, d’endommager ou de détruire les travaux du tunnel sur son propre territoire, ou encore même de noyer le tunnel.

Ce protocole, revêtu de la signature des six membres de la Commission, est demeuré l’instrument prêt à régler les rapports des deux Gouvernemens et des deux compagnies exploitantes. Il constitue la charte toute prête du chemin de feu sous-marin.

En 1890, — séance du 5 juin, — Gladstone pourra dire à la Chambre des Communes :

Je ne crois pas qu’à part une exception unique, on puisse citer, parmi les autorités les plus hautes, les autorités moyennes et celles du dernier échelon, le nom d’un homme qui, à l’origine, ait élevé la voix contre le tunnel sous la Manche[2].

Le jour donc où les pouvoirs publics anglais donneront leur adhésion définitive au percement du tunnel, il n’y aura qu’un

  1. Les trois commissaires français étaient : MM. Ch. Gavard, C. Kleitz et A. de Lapparent. Les trois commissaires anglais étaient : MM. H. W. Tyler, C. M. Hennedy et Horace Watson.
  2. « …I know of one single exception, and with that exception. I do not believe that the name of a man can be quoted among the highest authorities, the middling authorities or the lowest authorities, who at that time raised his voice against the Channel Tunnel »