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galerie d’environ 2 kilomètres sous la mer : « Il ne se produisit, pour ainsi dire, aucune infiltration d’eau, bien que la voûte du tunnel ne fût revêtue ni de fer, ni de briques, les parois de craie étant à découvert. Des excursions également furent organisées pour permettre au public de voir la galerie et, bien que les visiteurs portassent leurs vêtemens habituels, ils ne furent nullement incommodés, ne rencontrant ni humidité ni boue[1]. »

Les deux galeries d’études sont toujours en bon état. L’importante usine construite à Sangatte par la Société française du tunnel existe toujours. Elle comprend trois machines à vapeur de 300 chevaux, des compresseurs d’air, un puits avec chevalement, des pompes d’épuisement puissantes, etc.

Depuis lors, le temps de l’attente n’a cessé d’être mis à profit et il n’est pas douteux que le percement du tunnel sous la Manche sera entrepris dans des conditions infiniment plus favorables qu’il y a quarante ans. Il n’y a pas à comparer entre ce qu’était l’art des travaux souterrains alors et ce qu’il est maintenant. Il y a eu tous les enseignemens fournis par le percement des grands tunnels de montagne, notamment le Simplon ; par les tunnels sous-marins tels que celui de la Severn ou de la Mersey, — ce dernier construit par le grand ingénieur sir Francis Fox, l’ingénieur précisément de la Compagnie anglaise du tunnel ; — ou par les galeries des mines d’étain ou de cuivre de la Cornouaille s’étendant jusqu’à plus de 5 kilomètres de la côte, avec des rameaux transversaux qui ont un développement aussi grand que celui du tunnel projeté sous la Manche, sans que jamais l’eau y ait pénétré. Sur la question des certitudes géologiques, d’illustres savans tels que MM. Barrois, Olry, Gustave Dolfus, Gosselet, en France, et, chez nos voisins : Prestwich, Topley, Jules Browne et sir Archibald Geikie, le célèbre directeur de la carte géologique de la Grande-Bretagne, sont venus ajouter leurs suffrages à ceux de leurs prédécesseurs. Enfin, l’intervention de l’électricité en tout et pour tout simplifiera le travail dans une mesure à peine imaginable. La traction sera naturellement électrique, ce qui permettra de suivre tous les contournemens et les dénivellalions de la craie cénomanienne en adoptant des courbes descendant jusqu’à 250 et 300 mètres, au lieu de courbes de 800 à 1 000 mètres

  1. Sir Francis Fox, « Le Tunnel sous la Manche, » Revue Franco-Étrangère novembre-décembre 1916).