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REVUE DES DEUX MONDES.

4oL’Alsace devenant française, la Lorraine restant allemande.

5oL’Alsace-Lorraine, cédée à la France, mais à la condition que la propriété minière allemande y sera respectée.

Nous verrons successivement se présenter toutes ces combinaisons. Je n’en veux d’autre preuve que les articles publiés en Suisse par des germanophiles et où les trois premières hypothèses sont déjà exposées et défendues.

Pas un seul Alsacien-Lorrain ne s’arrêtera aux argumens que font valoir les auteurs de ces thèses surprenantes. En effet, de toutes façons, l’autonomie dans le cadre de la constitution de l’empire serait un leurre. Et voici pourquoi. Depuis quarante-quatre ans les Allemands immigrés ont considéré toutes les fonctions publiques, dans les provinces annexées, comme des fiefs de famille. Les indigènes n’arrivaient pas à pénétrer dans une administration dont les postes étaient exclusivement réservés à une caste. Or, l’autonomie nominale de notre pays ne changerait rien à cette situation de fait. Nous ne pourrions pas dépouiller les fonctionnaires actuels de leurs charges et nous ne serions pas à même de fournir un personnel de remplacement. Tout en étant donc indépendants en titre, nous continuerions, comme dans le passé, à être gouvernés et administrés par des étrangers, de mentalité hostile à la nôtre et de mœurs brutales.

Même si notre pays était neutralisé, comme la Suisse, cette anomalie subsisterait et rendrait la situation insupportable aux indigènes alsaciens-lorrains. Parmi les raisons qui font souhaiter à ceux-ci d’être rattachés à la France, la première est leur désir d’être débarrassés pour toujours des fonctionnaires immigrés qui les ont si cruellement martyrisés.

L’Alsace-Lorraine n’a pas de passé historique qui justifie la création du nouvel État. Tant que, par la force, on nous retenait dans l’organisme de l’empire allemand, nous pouvions et nous devions exiger qu’on nous donnât un statut national distinct de celui des États ; car entre notre mentalité et celle des Allemands l’opposition était irréductible ; car encore plus de deux siècles de vie commune avec les autres provinces françaises avaient, dans notre population, créé des