Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 41.djvu/438

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et l’on trouverait même, au besoin, dans cet état de choses, une intéressante solution de la participation relative des grands cuirassés aux opérations sur les côtes. Car, enfin, qui empêcherait les Amirautés de l’Ouest de réserver délibérément, pour l’éventuelle bataille contre la Hochsee flotte, le nombre des dreadnoughts qui serait jugé nécessaire et d’affecter les autres, — les plus anciens, naturellement, — en même temps que les cuirassés « pré-dreadnoughts, » à la force navale chargée de l’attaque du littoral ?

Un calcul assez précis montre qu’en ne comptant que les flottes anglaise, américaine et française, on disposerait de soixante dreadnoughts, alors que les Allemands en auraient à peine vingt-cinq. L’écart est considérable, et il semble difficile d’admettre que quarante ou quarante-cinq unités de cette force ne réussiraient pas à battre la Hochsee flotte.

J’ajoute que, vraisemblablement, les anciens dreadnoughts employés à l’attaque de tel ou tel point de la côte, — à l’attaque éloignée, s’entend, leurs projectiles pouvant atteindre des portées de 18 000 à 20 000 mètres, — seraient en mesure de prendre part au moins à la dernière phase de la lutte. Pour ne parler que de la mer du Nord, il est aisé d’imaginer un dispositif d’ensemble de la force navale assaillante qui permettrait, soit à ces dreadnoughts anciens de couper la retraite à l’ennemi qui se serait fait battre en allant attaquer à 100 milles au large la grande escadre tenue en réserve comme couverture de la flotte d’opérations, soit à cette grande escadre elle-même de tomber en temps utile sur l’armée allemande, si celle-ci se dirigeait immédiatement sur les bâtimens chargés de l’opération côtière.

Observons seulement que les combinaisons de mouvemens que je viens d’esquisser supposent, de la part de la flotte assaillante, l’emploi simultané de grands appareils aériens de reconnaissance et de bâtimens légers très rapides, pourvus, bien entendu, de la T. S. F. Aucun moyen d’information ne doit être négligé, encore moins, systématiquement écarté.


Occupons-nous maintenant de la flotte d’opérations, et d’abord examinons-en la composition.

Cette flotte doit être un parc de siège flottant. Elle doit donc avoir des élémens fournissant des feux directs, « fichans ; »