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de la place elle-même, une opération préliminaire indispensable.

Je viens de parler de la reconnaissance préalable de la place. C’est ici déjà que l’on reconnaît l’énorme progrès que l’aviation a fait faire à l’art des sièges maritimes, — disons mieux, des sièges tout court. Il est clair, pour prendre un exemple, d’ailleurs purement objectif, qu’avant de commencer l’attaque méthodique de l’estuaire de l’Elbe, la flotte assaillante aurait soin de faire prendre par ses appareils aériens de nombreux clichés des saillans de Kügelbaake et de Grimmerhorn. Bien savoir, c’est, en tel cas, la moitié du succès.


Poursuivons d’ailleurs notre rapide examen des opérations éventuelles et, par conséquent, des besoins en matériel de la flotte de siège.

Ce n’est pas tout pour celle-ci de draguer, de faire sauter des mines, ou encore d’en couper les orins de mouillage, il faut qu’elle sache se préserver des sous-marins et de leurs torpilles. Que peut-on faire pour cela ?

Rappelons d’abord qu’en ce qui touche les grandes unités qui couvrent au large cette flotte de siège, il existe des dispositifs de protection, les uns permanens et fixes, — par exemple une coque extérieure, rapportée sur la coque primitive, — les autres « circonstanciels » et mobiles, tels que les boucliers, susceptibles, j’y insiste encore parce que c’est très important, d’être largués rapidement, si besoin en était. On peut concevoir aussi, avec le renforcement des filets individuels du type Bullivant, l’emploi de filets collectifs, pour ainsi dire, qui seraient mouillés autour d’une force navale dès qu’elle aurait jeté un pied d’ancre, fût-ce en pleine mer, étant bien entendu qu’il s’agit de parages où les fonds ne dépassent guère cinquante mètres à plus de 120 milles de la côte. Or, s’il est exact que le rôle des nouveaux dreadnoughts est tout d’expectative, qu’ils sont « l’armée de couverture » et n’auront à intervenir qu’en cas de sortie de « l’armée de secours » ennemie, rien ne les empêche de rester mouillés, tant que l’état de la mer le permet. Il suffit qu’ils soient toujours prêts à combattre, après avoir franchi le barrage qui les défendait contre les sous-marins.

Mais observons, de plus, que ce barrage existe déjà, en permanence, et qu’il peut être utilisé dans l’hypothèse où nous