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l’inévitable faiblesse de son approvisionnement en munitions, l’appareil aérien ne peut donner au bombardement qu’il entreprend la continuité qui, seule, rend cette opération définitivement efficace. Il faut donc remplacer la continuité des coups par la répétition rapprochée des attaques, résultat que l’on ne saurait obtenir, en raison de la rapide usure des forces des pilotes et des « bombardiers, » que si l’on dispose de trois ou quatre flottilles susceptibles de se relever les unes les autres au bout d’un certain nombre d’heures. D’ailleurs, la puissance manque aussi, en ce sens qu’ou bien il faut limiter étroitement le nombre des projectiles que peut laisser tomber un aéroplane, ou bien il faut réduire le poids de ces bombes et par conséquent leur capacité destructive. J’observe toutefois, sur ce dernier point, qu’il semble possible de se servir pour les bombes d’appareils aériens d’explosifs beaucoup plus violens que ceux que l’on peut tirer, même à faible charge, dans une bouche à feu. Et c’est là, en faveur des aéroplanes, hydravions ou dirigeables, un avantage très marqué.

Enfin, s’il ne s’agit plus d’opérations sur la côte belge, toute proche de celle de l’Angleterre, il faut accepter la nécessité de doter la flotte de siège, ou les escadres de couverture, d’un nombre assez considérable de paquebots, qui seront disposés pour servir de « mères gigognes » aux appareils aériens. En effet, il n’est pas possible de demander à ceux-ci de faire plusieurs centaines de milles marins pour se ravitailler et surtout pour trouver un parc d’aviation où ils puissent se reposer et réparer leurs avaries. De même que l’on a un parc d’artillerie de siège flottant, il faut avoir un parc d’aviation flottant et très mobile, à moins que l’on ne puisse occuper, à une distance convenable de la place attaquée, un point isolé où l’on établira une station aéronautique bien organisée. Il est clair que c’est la une opération préliminaire de la première conséquence et à laquelle il serait bon de se décider sans tarder. Car encore faut-il le temps de créer les établissemens dont je viens de parler ; avant d’entreprendre méthodiquement sur le littoral ennemi.

Résumons ces observations sur la phase essentielle de l’attaque d’un littoral, — celle du bombardement de ses ouvrages, — en disant que la destruction, ou, au moins, la complète extinction des feux de ces batteries fixes, doit être demandée non seulement aux canons longs des navires du type ordinaire,