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rure de magnésium de Delbet et la solution hypertonique de sel marin de Wright employée surtout par les Anglais. Elles donnent souvent de bons résultats contre les incidens infectieux.

La méthode de Vincent mérite une mention particulière. Elle utilise les hypochlorites dont on connaît les propriétés désinfectantes, — à l’état sec, à l’état de poudre. On y emploie un mélange d’hypochlorites et d’acide borique que l’on pulvérise dans la plaie. Elle est inoffensive, indolore, d’application facile, lorsque la plaie est plate ou n’a pas de trajets anfractueux. Si l’on a affaire, en revanche, à un trajet de ce genre, l’artifice qui consiste à user en pareil cas d’un pulvérisateur avec tube de verre coudé pour faire pénétrer la poudre dans les « boyaux » de la plaie est bien précaire, et comporte des risques d’infection. Enfin la poudre de Vincent, lorsqu’on en fait des applications trop répétées, tend à dessécher, à cautériser les plaies, à en empêcher les sécrétions nécessaires. En outre, à cause de l’instabilité des hypochlorites, son action ne dure que quelques heures. Elle ne saurait donc prétendre, à mon avis, à réaliser le souhait de mon maître M. Dastre, pour qui le plus grand progrès apporté à la chirurgie de guerre serait celui qui permettrait de désinfecter précocement les plaies.

Il n’en est pas moins vrai, et cela ressort nettement de la discussion qui a eu lieu à la dernière séance de la Société de chirurgie, que la méthode Vincent peut fournir de précieux services, par sa simplicité, comme pansement prophylactique des plaies au poste de secours.

Quant au souhait de M. Dastre, il me paraît mieux réalisé par la méthode de Mencière. C’est par un examen de cette méthode et de celle de Carrel, qui constituent à mon sens les deux plus belles conquêtes chirurgicales de la guerre ; que je voudrais achever cette brève promenade… je devrais dire cette incursion dans le domaine hippocratique.


Charles nordmann.