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« Je meurs non pas en philosophe, non pas en athée, mais en bon chrétien. Fidèle à la religion de mes pères, je pénètre dans le royaume de l’éternité. Le bonheur terrestre que j’ai atteint, l’esprit malin me l’a fait perdre. Pardonne, indulgence divine, leurs fautes à tous mes ennemis ! » D’autre part, les chefs de la résistance, l’archevêque de Cologne, Clemens August von Droste-Vischering, le vicaire général Fonck, les curés Nellesen d’Aix-la-Chapelle, et Binterim de Dusseldorf, adversaires de la Prusse protestante, sont en relations avec Montalembert et les catholiques français. Ils s’allient en outre aux libéraux qui de leur côté sont animés d’une égale aversion contre la monarchie des Hohenzollern. Qu’il nous suffise de citer ici ce qu’écrit un historien allemand pour la période qui précède 1848 : « Avec une inquiétude croissante, on s’apercevait à Berlin que l’opposition confessionnelle, attisée dans le Rheinland par les ultramontains et l’archevêque lui-même, se confondait avec l’esprit particulariste de cette province, toujours étrangère et défiante vis-à-vis de la Prusse. Depuis que la domination ecclésiastique avait disparu, les Rhénans s’étaient trop fortement ancrés dans la conviction qu’ils appartenaient à la France pour se sentir facilement bons Prussiens. » Ces lignes sont de P. Flathe. Il indique aussi que la législation et la situation géographique s’ajoutaient à la religion pour élever comme une haute muraille entre la rive gauche et les anciens territoires du royaume.

Mais il faut maintenant exposer les faits. De 1815 à 1848, le gouvernement prussien a prouvé qu’il conservait toutes ses préventions luthériennes. « J’honorerai et protégerai votre religion, ce que l’homme a de plus sacré, avait déclaré Frédéric-Guillaume III en prenant possession du pays ; je chercherai à améliorer la situation matérielle de ses serviteurs, afin qu’ils maintiennent mieux la dignité de leur charge. » Or, les marques de la malveillance royale furent infinies, tandis que celles de sa bienveillance, presque toutes insignifiantes, se signalèrent par leur rareté. Sans doute, on vit quelquefois les nouveaux évêques prendre possession de leur siège sous l’escorte déférente des autorités. Sans doute le ministère concéda à l’Université de Bonn une faculté de théologie catholique et permit dès 1818 de célébrer à Cologne la Fête-Dieu par une procession solennelle. Il faut ajouter encore à ces