Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 41.djvu/587

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHEZ LES NEUTRES
DU NORD

I
DE PARIS EN HOLLAND


Vendredi 2 février.

Cinq heures du soir, gare Saint-Lazare. C’est le départ pour le Havre. Sur le quai mal éclairé, dans le froid perçant de cette fin d’hiver glaciale, un peu d’oppression nous saisit, mon compagnon et moi, au moment des adieux. Ces ténèbres, approfondies encore par les halos lumineux qui les jalonnent, sont pareilles à celles qui enveloppent le sort de notre multiple voyage, et la réussite de notre pacifique mission[1]. On se demande, avec une pointe d’anxiété : « Dans quelle disposition d’esprit allons-nous les trouver, ces « neutres du Nord » vers lesquels on nous envoie ? Que pensent-ils de la France ? Que sentent-ils à son sujet ? Et, si leurs sentimens sont prononcés dans un sens peu

  1. Vers la fin du mois de janvier 1917, le Comité protestant de propagande à l’étranger d’accord avec le ministère des Affaires étrangères, désigna pour une « visite amicale » chez les neutres protestans du Nord, deux délégués, un membre du clergé protestant de Paris, et un membre de l’Université : M. Edouard Soulier, pasteur de l’église luthérienne de la Rédemption, et M. Samuel Rocheblave. Les deux voyageurs devaient parcourir la Hollande et les États Scandinaves. La durée de leur absence était estimée à deux mois et demi. Elle dépassa quatre mois, en raison de diverses circonstances. Ce sont les principales impressions de ce voyage que l’on trouvera ici notées.