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commandant l’armée du Rhin, s’y était, — pendant les premiers mois de 1793, — montré résolu à la répression : il avait, à Spire, fait fusiller un capitaine et deux fusiliers pris en flagrant délit de pillage, et la Convention avait, en séance publique, approuvé l’exemple. « Il fit une telle impression dans l’armée du Rhin, écrit un contemporain, que quoique les tribunaux fussent mal composés (c’étaient les faibles cours martiales que j’ai dites) et les lois militairement mauvaises, la discipline et la subordination y furent telles qu’il y en eut peu d’exemples dans d’autres temps. Les propriétés des habitans du Palatinat furent respectées, et si un soldat se détachait de son corps pour aller cueillir une grappe de raisin, ce n’était que pour étancher sa soif et on ne le faisait qu’en tremblant. » À ce travail de reconstitution les représentans s’associaient activement[1]. Le 1er frimaire an II, le député Lacoste prenait un arrêté dont l’article 2 était ainsi rédigé : « Tous les militaires prévenus d’entrer dans les maisons tant nationales que des citoyens et d’avoir commis des pillages seront arrêtés, traduits devant la commission révolutionnaire à la suite de la division ; le délit constaté devant deux témoins, ils seront livrés à l’exécuteur pour être mis à mort dans les vingt-quatre heures, à la tête des troupes. » Et Saint-Just et Lebas, résolus à agir contre « les brigands » qui « scandalisaient l’armée, » annonçaient « des exemples de fermeté que l’armée n’avait pas encore vus. » Le seul tribunal de l’armée du Rhin avait condamné à mort 62 soldats, aux fers 34, à la prison 34, à la détention jusqu’à la paix 24 et à la dégradation 36, du 7 brumaire (octobre 1793) au 16 ventôse (mars 1794).

Custine, appelé, en juin 1793, à l’armée du Nord, y avait apporté la même fermeté que sur le Rhin. Ses ordres furent sévères : les postes ne devaient plus se garder avec mollesse et les soldats ne sortiraient plus des camps : « Les ennemis seront bientôt dissipés si nous nous montrons supérieurs aux événemens, si, soumis à un ordre stable et durable, assidus dans nos camps, endurcis par la fatigue et le travail, sobres et continens, nous trempons nos âmes et nos corps pour leur donner cette énergie qui caractérise les républicains. » Il espérait n’avoir pas à déployer d’extrêmes rigueurs contre les ennemis de

  1. Cf. le recueil des Actes du Comité de Salut public, publié par M. Aulard, passim.