Juste en face, je vois la maison que Vigny
Habitait dans Orthez, et son rideau de lierre.
Durant son temps de servitude militaire
Et de grandeur, vint-il parfois dans mon logis ?
Quel destin met son nid à côté de mon nid ?
Rien en moi qui ressemble à ce Romain de pierre.
Les feuillages qui font le bruit d’une prière
Protestent dans son parc contre son long déni.
Et pourtant ! N’était-il pareil à tous les hommes ?
Le contraire est souvent la chose que nous sommes.
Afin de s’attendrir, il n’a jamais pleuré.
Quant à moi, contemplant le fronton de sa porte,
Triangulaire et net, nu comme un Marboré,
J’aspire au doux sanglot qui me fait l’âme forte.
Cigale abasourdissante,
Qui me dictes par tes cris
Ces quelques vers que j’écris
Dans la chaleur écrasante :
Au feu ! Sur l’ocre des sentes
Toute la bruyère a pris
Et la replète perdrix
Cherche de l’eau sous les menthes.
Quelque souffle a condensé
Et, sur le sol, espacé
La sueur de mon visage :
En larmes elle a goutté,
Comme on voit, avant l’orage,
L’averse large d’été.,