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réservoir d’alimentation est une sorte de bock à injection placé au-dessus du blessé ; des dispositifs variés, automatiques ou maniés par un aide, une simple pince serrant le tuyau de communication par exemple, permettent périodiquement, toutes les heures ou toutes les deux heures, de laisser pénétrer dans la plaie la quantité nécessaire pour renouveler l’irrigation antiseptique.

Je passe sur maints détails opératoires qui ne sauraient trouver place ici. Bientôt, sous l’action de ce traitement, on voit le pus disparaître ; la plaie n’a plus d’odeur et ne tarde pas à prendre une teinte rouge vif de bon aloi. Mais Carrel ne se contente pas de ces symptômes microscopiques ; c’est au microscope qu’il a sans cesse recours pour déterminer le stade d’évolution de ses plaies, et cette technique, entre ses mains expertes guidées par un esprit méthodique, a apporté un élément inconnu de précision dans la technique chirurgicale de guerre. A cet effet, on pratique tous les deux ou trois jours sur la plaie, aux endroits les plus suspects, un prélèvement de sécrétions qui est examiné au microscope. L’état bactériologique de la plaie est exprimé par un nombre, rapport du nombre des microbes observés au nombre des champs microscopiques examinés. Carrel est arrivé à cette conclusion que pratiquement, lorsqu’on ne trouve pas plus d’un microbe pour une dizaine de champs, la plaie peut être considérée comme aseptique, comme chirurgicalement stérile.

Le professeur Sartory a employé depuis, avec succès, une méthode analogue dans l’étude bactériologique de la méthode Mencière dont je parlerai tout à l’heure, et dont ses constatations autorisées ont d’ailleurs, vérifié ainsi l’efficacité.

D’après les observations de Carrel et de tous ceux qui ont employé sa méthode, l’examen bactériologique montre qu’on obtient ainsi des plaies aseptiques au bout d’un petit nombre de jours qui varie en moyenne de trois, pour les plaies des parties molles, à une quinzaine, pour les foyers de fracture.

Les plaies ainsi stérilisées, il ne reste plus qu’à les suturer secondairement, qu’à les fermer. C’est ce que Carrel réalise par des moyens où son ingénieuse dextérité s’est à nouveau manifestée, et qui comportent, suivant les cas, soit la suture classique, soit un rapprochement des lèvres de la plaie, par des bandes adhésives simples, ou par des bandes adhésives percées de trous où l’on passe un lacet et qui constituent un véritable corsettage.

Parmi les autres contributions précieuses que Carrel a apportées à la technique scientifique des plaies de guerre, je m’en voudrais de ne