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voyage de Vienne. La participation de l’Italie étant admise, Italiens et Autrichiens opéreront leur jonction en Bavière, tandis que les Français formeront deux armées, l’une destinée à pénétrer dans l’Allemagne du Sud, l’autre à entrer dans le Palatinat et à envahir la rive gauche du Rhin.

La seule condition que l’on exige de nous, — et de ce que nous ne l’avons pas remplie, nos alliances se sont trouvées nulles, — c’est que nous prenions résolument l’offensive dès le premier jour, surtout que nous passions sur la rive droite du fleuve, de façon à déterminer tous les États méridionaux à abandonner la Prusse. Le grand-duc de Hesse l’avait déjà recommandé au général Ducrot. François-Joseph le répète au général Lebrun. Il ne peut déclarer la guerre en même temps que Napoléon III, mais si celui-ci apparaît dans le sud de l’Allemagne non pas en ennemi, mais en libérateur, alors l’Autriche sera obligée de faire cause commune avec la France.

Ainsi, au moment où nous allons nous retrouver devant notre ennemie de 1813, je veux dire devant la Prusse, nous possédons de fortes chances de succès. Nous sommes en présence d’un adversaire assurément redoutable, mais que la moindre défaite peut abattre complètement en le privant des auxiliaires que la crainte seule réunit autour de lui. L’enjeu du conflit est évident. Si nous sommes vaincus, nous serons contraints de renoncer à cette rive gauche du Rhin que nous avons dû céder à la chute du premier empereur, malgré le vœu des populations. Que nos armes au contraire remportent des avantages rapides, et Sadowa est aboli avec toutes ses conséquences. Du même coup, en corrigeant les traités de 1815, nous rétablissons sur le grand fleuve notre domination toujours regrettée. Il semble bien que nous touchions au but.


JULIEN ROVERE.