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encore Mme Saint-Martin qui fait beaucoup d’effet[1]. Les autres femmes, ce sont toujours les mêmes. Il n’y a pas de nouvelles beautés remarquables, si ce n’est Mme Mollien[2], dame de l’Impératrice. On ne se présente pas avec plus d’assurance et de décence. Elle est bien, mais je ne la trouve pas belle.

« Il faut apprendre maintenant à faire la révérence, car les petites salutations d’autrefois, c’est-à-dire de la Révolution, ne sont plus de saison. Ainsi exerce-toi d’avance pour les savoir bien faire quand le temps viendra… »

Le 5 vendémiaire (jeudi 27 septembre), elle écrit : « Je ne suis revenue de Paris qu’hier pour diner. Tu sais que j’y fus dimanche dans l’intention d’aller à Neuilly lundi soir, ce que j’exécutai. On me reçut fort bien. Le maréchal et madame me dirent pourquoi je n’y étais pas allée diner, Saint-Cyr y étant et ayant été invité. Ils m’observèrent que je n’avais pas besoin d’invitation. Mais tu ne devinerais pas qui m’obstruait l’entrée du salon lorsque j’arrivai. Deux personnes qui, depuis six mois, n’étaient venues à Paris : Mmes Petiet et Isidore. Elles sont toujours les mêmes. Elles m’ont beaucoup demandé de tes nouvelles, surtout la dernière qui se plaint toujours de ton silence. Il y avait beaucoup de monde et c’est un des plus jolis jours d’assemblée. Mme Talhouet, qui y était, s’informa aussi de ta santé. Mardi, je me suis occupée de tes commissions… Je me suis aussi occupée de faire mes emplettes pour le costume de cour. Beaucoup ont pris du nacarat, du cerise, du ponceau. Je m’étais décidée pour cette dernière couleur, mais je n’en ai plus trouvé. J’ai voulu alors, ne pouvant être remarquée par la couleur la plus éclatante, l’être par une couleur plus modeste et dont à coup sûr il y aura fort peu. Ma queue sera donc, d’un velours de très joli gris ; il en faut huit aunes et autant de satin blanc pour la doublure. C’est Mme Germond, chez qui je suis allée, qui me l’a coupée, ainsi que la robe de satin, et c’est Mlle Lolive qui me la fait broder. Mon dessin est une guirlande de pommes de pin. La pomme sera en finition

  1. Victoire-Marie-Christine Fresia d’Oglianico épousa Jean-François-Félix Saint-Martin La Motte, d’une des premières familles du Piémont ; il fit partie en 1800 et 1801 du gouvernement provisoire, fut préfet du département de la Sesia et sénateur le 1er floréal an XII.
  2. Adèle-Rosalie Collart-Dutilleul épouse, en août 1802, Nicolas-François Mollien, depuis ministre du Trésor public.