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c’est toujours la même mise. Les toilettes du soir à Saint-Cloud sont presque toutes en crêpe. J’ai vu travailler Mme Louis et Mme Bonaparte à des robes de crêpe brodées à bouquets détachés unies. Cela fera de très jolies robes d’été.

« On parle d’un voyage du Premier Consul…

« Tâche de savoir si M. et Mme Murat ont reçu les lettres que nous leur avons écrites au moment de ton mariage. »

Mme Saint-Cyr n’était pas mal informée. Murat écrit le 6 prairial (26 mai) : « J’espère que vous ne serez pas fâché, mon général, que j’accompagne Caroline qui se propose de venir prendre sa petite et laisser à maman son nouveau-né. » Les événemens ne le permirent pas : « Mme Caroline est rétablie, écrit Murat le 6 messidor (25 juin), et mes enfans sont en route pour Paris depuis deux jours. » Caroline elle-même ne partit qu’au milieu de thermidor (juillet).

Cela faisait une grande occupation à Maisons, où Mme Saint-Cyr ne négligeait rien pour se tenir bien en cour. « J’ai fait un petit séjour à Paris cette semaine, écrit-elle à sa fille le 20 prairial (9 juin). En y arrivant, on me remit une grande lettre adressée à Saint-Cyr et c’étaient des billets pour le cercle qui avait eu lieu la veille. Il y en avait pour Saint-Cyr et pour moi et pour Mlle Aubert-Dubayet. Je fis demander aux Tuileries si Mme Bonaparte y était ou était retournée à Saint-Cloud. Alors, je fus voir le général et Mme Soult. Ils allaient repartir pour la campagne. Ils me dirent que Mme Murat serait dans un mois à Paris. Je ne croyais plus à ce voyage puisque tu ne m’en avais pas parlé, mais il se confirme là-haut.

« Je suis revenue hier au soir de Paris et j’y retourne demain. A trois heures, j’irai voir Mme Louis et, le soir, j’irai à Saint-Cloud. C’est cela avoir du courage, aller sans Saint-Cyr et sans toi, mais je sens qu’il ne faut pas avoir l’air, aux yeux de beaucoup de gens, de m’être tout à fait retirée. D’ailleurs, il faut qu’on se rappelle de nous (sic), car les absens ont toujours tort.

« Ecris à Mme Louis et mets quelque chose de bon pour Mme Bonaparte. »

A son gendre Charpentier, qui l’avait invitée à venir s’établir à Milan, près de sa fille, pendant que Saint-Cyr serait à Bayonne, elle écrie (24 prairial-13 juin) : « J’ai été deux fois à Saint-Cloud depuis le départ de Saint-Cyr. J’ai demandé s’il n’y avait rien de nouveau. On m’a répondu : Non, il faut attendre.