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nerfs sont en désarroi. Tout de suite le voyage est décidé. « Je vous confie à tous deux ma bonne Armande, écrit le général le 4 vendémiaire an XII (27 septembre 1803). Ayez-en bien soin, il m’en coûte de m’en séparer et ses enfans pouvaient seuls obtenir ce sacrifice. Elle se mettra en route vers le 15 octobre (vieux style) (22 vendémiaire), pour se rendre directement à Grenoble, sans passer par Lyon ; elle séjournera huit à dix jours dans sa famille, et c’est de là qu’elle vous écrira pour vous annoncer au juste la date de son arrivée. » Elle demande seulement que le général Charpentier envoie au-devant d’elle un de ses aides de camp pour le passage du mont Cenis. Et puis, mille prétextes, mille raisons la retardent. A certains points de vue, elle n’en parait point fâchée. « Le retour de Murat en Italie a été, écrit-elle le 18 brumaire (10 novembre), démenti dans les journaux. Il va présider le Conseil électoral du département du Lot. Ainsi, il paraît que son voyage sera différé pour longtemps. Je n’en suis pas fâchée, parce que la présence de Mme Murat à Milan aurait dérangé nos apartev » En fait, elle ne part de Bayonne pour Grenoble que le 21 frimaire (13 décembre), étant restée deux mois sans nouvelles de sa fille. Devaux l’accompagne, avec sa femme de chambre, son domestique, sa chienne et son perroquet. Elle pense être à Grenoble le 3 nivôse (25 décembre), et il lui faudra trois jours de Grenoble à Lans-le-Bourg. De, fait, elle n’arrive que le 7 ; elle attend des nouvelles de Milan pour se remettre en route, et elle n’est pas rendue à destination avant les premiers jours de pluviôse, juste à temps pour apprendre la promotion de Charpentier au grade de général de division (26 pluviôse — 16 février 1804).

Ce fut à Paris, où il avait été rappelé pour participer à l’expédition d’Angleterre, que Saint-Cyr apprit les couches de sa belle-fille. Elle avait eu, le 9 floréal (29 avril), un garçon dont Murat fut parrain avec l’Impératrice, car, entre temps et durant que Constance accouchait d’un garçon, la France, sans douleur, faisait un empereur.


FREDERIC MASSON.