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façon qu’aussitôt que l’un de ses 75 navires arrive dans un port de l’Atlantique, du Pacifique ou de l’Océan Indien, il soit chargé sans délai. N’ayant qu’un seul objet en vue, elle a pu régler les mouvemens de ses vaisseaux plusieurs mois à l’avance. Ils n’abordaient à Rotterdam que lorsque les appareils de déchargement étaient rangés le long du quai : on a vu, en quatorze heures, un vapeur de 7 000 tonnes vidé de sa cargaison, que vingt péniches emportaient par canaux vers vingt directions différentes en Belgique et dans le Nord de la France.

M. Robinson Smith attribue ces remarquables résultats à la qualité des chefs qui ont accepté la charge de diriger l’affaire. La tâche de sauver dix millions d’êtres humains de la famine a paru assez belle à des hommes de premier ordre pour les déterminer à s’y consacrer entièrement. Dans son pittoresque langage américain, M. Smith nous dit qu’un esprit C. R. B. s’est développé parmi eux. Chacun des volontaires attachés à l’un des bureaux de l’entreprise était animé du même zèle. Pourrait-on obtenir, en temps de paix et pour une œuvre dont le but serait d’assurer la nourriture du peuple au meilleur marché possible, des concours aussi éclairés et aussi désintéressés ? M. Smith le croit. Il ajoute que ce n’est pas dans le domaine des achats, mais dans celui de la vente, que la Commission a rendu les plus grands services. Si, dit-il, elle a fait une économie de 10 pour 100 en amenant le blé des lieux de production aux points de distribution, elle en a réalisé une de 30 à 40 pour 100 dans la seconde étape, celle qui fait passer le froment du port au moulin, du moulin chez le boulanger et de là dans l’estomac du consommateur. En temps normal, le paysan belge vend son blé 16 centimes le kilogramme au meunier, et l’ouvrier paie le kilogramme de pain 30 centimes. Pendant la guerre, ce dernier prix ne s’est élevé qu’à 38 centimes, alors que la hausse proportionnelle de la matière première avait été bien plus forte.) Le paiement au comptant a toujours été exigé. Le Comité de Londres a reçu de cette manière le montant des ventes consenties aux comités provinciaux ; ceux-ci opèrent de même vis-à-vis des comités régionaux, lesquels à leur tour exigent le paiement immédiat des communes. Les comités provinciaux, par exemple celui du Hainaut, ont été organisés en sociétés coopératives, conformément à la loi : les actions ont été souscrites par les communes et les habitans, en proportion des