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de travailler pour leur patrie. Or, si les intérêts les plus vitaux commandaient aux socialistes français d’accroître et à l’Allemagne de diminuer la race française, comment expliquer l’obstination des uns à faire ce qui leur était le plus funeste et ce qui était le plus utile à leurs adversaires, sinon par asservissement des uns aux autres ?

L’asservissement continuera-t-il ? Force est de se le demander puisqu’il est encore certains Français qui ont hâte de reprendre contact avec les Allemands, sous prétexte de négocier avec eux. Que des Français fassent grief à leur gouvernement de ne pas favoriser en pleine guerre des communications avec l’ennemi, cela oblige à leur dire net : « Votre impatience serait excessive, ne s’agit-il pour vous que de serrer la main à l’ennemi, mais il s’agit de retomber dans sa main. En reprenant contact avec l’Allemand, vous retournez à votre péché, et vous n’êtes pas de force contre la tentation. Le socialisme français n’a pas cessé d’être le petit garçon, le serviteur, le jouet, la dupe du socialisme allemand. Cette dépendance n’a jamais été excusable, même quand vous vous obstiniez dans l’illusion qu’il préparait pour vous la ruine des nations au profit de la solidarité prolétaire. Mais cette illusion même est finie. Ce que votre guide voulait détruire, c’est votre race au profit de la sienne. Il ne vous a jamais imposé une plus honteuse soumission qu’en vous persuadant de devenir traîtres à votre propre avenir, adversaires de votre propre sang. Pour vous il n’est qu’une expiation : ne plus accepter, ne plus répandre les leçons de mort, et trouver dans votre repentir envers la France le courage de multiplier des Français. »


V

Comme la masse des paysans et des ouvriers l’emporte assez en nombre pour que les autres classes ne modifient guère le mouvement imprimé par elle à la population, et comme cette masse est, par ses difficultés de vivre, tout entière sollicitée de devenir stérile, le dépeuplement devrait être rapide, universel et uniforme dans l’étendue de toute la France.

Or, il est très inégal. Il y a des régions où la moyenne des enfans par famille ouvrière et agricole dépasse quatre et cinq, et des régions où cette moyenne n’atteint pas même un. Les