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de ces mots, faciles, difficiles… Disons donc que l’on peut considérer comme facile à suivre, en s’entourant de toutes les précautions que suggère l’expérience et de toutes les garanties que donne un judicieux emploi des bâtimens légers doublés des appareils aériens, une passe dont la largeur atteint environ 180 mètres, qui, sans être rectiligne, cas très rare, naturellement, ne présente pas de coudes brusques, et où l’on peut, sinon se tenir sur un alignement d’amers artificiels, du moins se guider au moyen de relèvemens de points à terre suffisamment visibles, et que l’ennemi n’aura pu détruire ou déplacer.

Or, ces conditions sont remplies dans les deux cas qui nous occupent, et il est facile de s’en assurer en consultant une carte hydrographique. Quant aux détails que je pourrais donner, il vaut mieux les faire pour ne pas attirer l’attention de l’ennemi sur les points qui accentuent la vulnérabilité de son littoral.

Pour en finir avec les « difficultés » que de grandes unités peuvent éprouver sur cette côte basse, j’observerai que la pente générale de la cuvette de la deutsche bucht est assez régulière pour que la navigation à la sonde soit praticable jusqu’à la limite des fonds de 6 mètres, à peu près. En tout cas, les échouages seraient peu dangereux sur ces sables vasards, étant admis que l’on ne marcherait pas à une allure très vive, dans les opérations côtières. On n’en saurait dire autant des parages où la flotte allemande vient d’opérer dans la mer Baltique. Autant la côte allemande est saine, dans cette mer, autant le littoral russe, du détroit d’Irben au Nord de la Finlande, présente de périls, avec la multitude de ses îlots et de ses rochers détachés que prolongent sous l’eau de vraies « chaussées » d’écueils.

Ces difficultés fort réelles, cette fois, n’ont pas arrêté les cuirassés de l’amiral Schmidt. On peut être convaincu que si les positions respectives des belligérans étaient changées, si les Allemands étaient maîtres de la mer du Nord, ils ne se laisseraient pas intimider par les bancs de la côte anglaise, qui cependant sont peu commodes, des Dunes à l’Humber, en passant par la Tamise, Lowestoft et le Wash. Il y aurait beau temps que l’Angleterre serait envahie…

Mais il convient de dire un mot des petites îles qui, en chapelet régulier sur la côte de la Frise orientale (Hanovre), en groupe plus capricieux sur celles de la Frise septentrionale (Slesvig), donnent un caractère particulier au littoral allemand