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l’affaiblissement des organes de toute espèce de la marine russe que les Allemands doivent leurs succès, — opinion que ne justifie pas, sur ce point particulier, l’étude impartiale des opérations d’octobre dernier, où la division navale du golfe de Riga s’est fort bien conduite.

Mais revenons aux mines qui flanqueraient, à l’Est et au Sud, la position d’Helgoland. Il faut compter en moyenne de 20 à 25 milles marins entre l’îlot et les fonds de 8 mètres des deux littoraux. Cela fait 40 000 mètres environ, soit, à raison d’une mine par 30 mètres, 1 333 de ces engins, pour une seule ligne, et 2 666 pour les deux lignes en quinconces que l’on considère comme indispensables pour barrer un passage. En tout, donc, 5 332 mines pour le seul objet qui nous occupe. C’est beaucoup.

Mais nos adversaires ne se sont pas crus obligés, que dis-je ? ils ont bien dû se donner de garde d’établir de tels chapelets pour barrer les deux bras de mer et s’enfermer ainsi eux-mêmes dans l’entonnoir dont je parlais tout à l’heure ; car les mines ne distinguent pas l’ami de l’ennemi et explosent indifféremment sous toute carène qui les heurte ou glisse sur elles.

On objectera évidemment que les Allemands ont ménagé dans ces lignes des portières, des passages libres, dont l’exact gisement est connu d’eux seuls. Sans doute, mais de deux choses l’une : ou bien ces portières sont indiquées extérieurement à la surface de la mer, par des bouées très visibles, peut-être des bateaux du genre des bateaux-feux, fixes et aisément reconnaissables de loin ; ou bien on a compté, pour la détermination des ouvertures en question, sur des points à terre. Or, ces points de reconnaissance, fournissant des alignemens de direction pour pénétrer dans le fond de la Deutsche bucht, ne sauraient être empruntés à l’îlot même d’Helgoland. Il les faut aller prendre sur la terre ferme, à quelque vingt milles (37 kilomètres) au moins de distance. Voilà qui est bien peu pratique, assurément, et même absurde, pour parler net. Restent les bouées ou bateaux mouillés des deux côtés de la portière, ce qui est simple et commode. Seulement, dans ce cas, l’assaillant peut bénéficier de l’indication fournie par ces corps flottans.

D’une manière générale, d’ailleurs, on peut affirmer qu’il n’est pas possible de garder pendant trois ans, — on oublie toujours que la guerre date du 2 août 19141 — le secret du