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inertie systématique, on affecte de s’indigner à l’idée qu’un « théoricien » puisse proposer de risquer des dreadnoughts sur des champs de mines, on use de moyens de discussion qui sont peut-être habiles, mais d’une habileté de mauvais aloi. En fait, je le dis encore, il n’a jamais été question de cela. Personne, que je sache ; n’a proposé une telle absurdité. Tout le monde sait, en revanche, qu’il y a de nombreux et efficaces moyens, soit de draguer, soit de faire exploser prématurément les mines, soit de les couler. C’est affaire de patience, de méthode, d’engins appropriés, et je ne reviendrai pas aujourd’hui sur le détail de ce que j’ai écrit si souvent à ce sujet. Rappelons toutefois qu’à ces procédés préventifs il ne sera jamais inutile de joindre des procédés de protection immédiate des coques plongées des grands bâtimens, quand ces unités lourdes passeront sur les emplacemens déblayés. Deux précautions valent mieux qu’une. Et puis, vraiment, a-t-on la prétention de faire la guerre sans jamais courir aucun risque, sans accepter d’avance aucune perte ?

En ce qui touche enfin, d’une manière particulière, les opérations ayant pour but de faire entrer une force navale très importante dans la Baltique, j’observe, pour conclure, qu’en raison de la très grande supériorité dénombre des flottes alliées, les résultats poursuivis seraient obtenus sans qu’il fût nécessaire d’y employer les « superdreadnoughts. » Ceux-ci, assez nombreux et assez puissans, à eux seuls, pour contenir la Hochsee flotte, si cette dernière essayait de prendre à des l’armée engagée dans les détroits, seraient parfaitement à leur place en un point d’où ils pourraient se porter en peu d’heures soit au-devant de la flotte ennemie sortie du camp retranché maritime de Cüxhaven, soit au secours de la flotte opérant dans les Belts, en cas de besoin urgent.

Mais quels sont les détroits dont il s’agit et où peut-on craindre de rencontrer les « immenses » champs de mines dont on nous a parlé ? C’est ce qu’il me reste à examiner.

Les détroits danois sont au nombre de trois : le Sund, entre la Suède et l’île de Seeland, — c’est le détroit que commande Copenhague ; — le Grand Be ! t, entre Seeland et Fionie ; le Petit Belt, entre Fionie et le Jutland-Slesvig. Mettons hors de cause ce dernier, bras de mer très étroit et dominé de près par des rives qui doivent être armées depuis le commencement de la guerre, du côté allemand, à partir de l’îlot de Brandsö.