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été le compagnon de campagnes de Louis-Philippe, — aide de camp, âgé de seize ans, d’un lieutenant général de dix-neuf ans, — et plus tard son compagnon de voyages. Un cruel regret avait attristé la fin de cette vie si courte.

À Twickenham, Montpensier s’était pris, pour une voisine de leur demeure, d’une vive passion. Lady Charlotte Randon était issue d’une maison noble et ancienne, mais non royale. Et le frère aîné, fils de Philippe-Egalité, s’était opposé à cette alliance inégale. Dans l’esprit de ces jeunes princes, l’éducation de Mme de Genlis, les leçons tirées de Rousseau n’avaient pas laissé de profondes traces. Montpensier était inconsolable ! on s’adressa au chef de la Maison de France, le Roi, depuis la mort du fils de Louis XVI ; car entre Louis XVIII et ses cousins une réconciliation venait de s’accomplir, grâce aux conseils du général Dumouriez et aux bons offices d’un fidèle ami de la famille royale, le comte d’Avaray. L’avis du Roi fut conforme à celui du frère aîné, devant lequel s’était incliné déjà Montpensier, étouffant ses larmes.

Il repose à Westminster, sous un monument et une épitaphe latine. Sa sépulture y fut transférée, en 1829, par les soins du Duc d’Orléans.

Le Comte de Beaujolais ne survécut pas longtemps. Les médecins conseillèrent d’éviter les brumes d’un hiver en Angleterre. Louis-Philippe le conduisit à Malte, et Beaujolais y mourut au printemps de 1808. Ses funérailles eurent lieu en l’église de Saint-Jean, suivies par les principaux officiers de la flotte et de la garnison anglaises, et par son frère désolé.


I. — DE L’ANCIEN RÉGIME À LA TERREUR

Le prince dont j’essaie non d’écrire l’histoire, mais de dessiner la figure, montra une tendre et constante affection à ses enfans, ses frères et sa sœur ; à sa mère, et à son père même, dont il condamna sévèrement la conduite, sans pouvoir cesser de le plaindre et de l’aimer. Aucun mariage ne fut jamais plus heureux ni plus fidèle que celui qui devait plus tard l’unir à la fille du Roi de Naples.

Et, en ce moment, dans ses promenades solitaires, les souvenirs de sa vie reviennent en foule devant son esprit.

Que va faire le Duc d’Orléans ? À Malte, où les Chevaliers