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formelle. Elle ne souffrira aucune échappatoire, aucun délai : tout essai de résistance sera impitoyablement brisé. D’ailleurs la résistance est inutile : une puissante escadre est là dont les canons sont braqués sur la capitale. Des troupes françaises, excellentes et nombreuses, se trouvent dans le port du Pirée et au Phalère, prêtes à débarquer au premier signal et à marcher sur Athènes.

« Dans cette guerre, ajoute M. Jonnart, où l’Allemagne a accumulé les férocités et les crimes, où elle a dévasté nos provinces, réduit les populations en esclavage, violé les lois divines et humaines, nous nous défendons ; nous défendrons, sans jamais nous laisser abattre, les intérêts essentiels et l’existence de notre patrie. Mon département d’origine, le Pas-de-Calais, est en partie dévasté par les barbares. Arras, où je me trouvais il y a quelques jours, est en ruines. S’il faut que demain je fasse subir à Athènes le même sort, la mort dans l’âme, je le ferai, je vous l’affirme. Les troupes que j’ai amenées de Salonique doivent retourner au plus tôt sur le front macédonien. Je suis pressé. »

C’est sur ces déclarations très nettes que l’entretien prend fin. Un délai, de vingt-quatre heures est accordé au Roi pour faire connaître sa réponse. Ce délai expire le lendemain, à midi.

M. Zaïmis rentre en toute hâte à Athènes, tandis que M. Jonnart regagne l’escadre à Salamine. Sur les cuirassés et les croiseurs, le branle-bas de combat est ordonné ; toutes les vitres et les glaces sont enlevées. Nos marins procèdent allègrement à ces préparatifs.

Cependant M. Zaïmis s’est rendu auprès du Roi et lui a remis l’ultimatum. Le Conseil de la Couronne est immédiatement convoqué. Il se réunit à midi au palais. Tous les anciens présidens du Conseil y prennent part : MM. Rhallys, Dragoumis, Skouloudis, Gounaris, Lambros, Callogeropoulos, ainsi que MM. Dimitracopoulos et Stratos, chefs de partis. Le secret a été gardé sur cette dramatique séance ; on peut cependant, d’après les journaux locaux, d’après quelques récits qui ont filtré, avoir une idée de ce qui s’y passa.

Un examen rapide de (la situation militaire fait apparaître tout d’abord l’inanité de toute résistance. La capitale est sous les canons de l’escadre, sous la menace d’un débarquement ; l’isthme de Corinthe est déjà occupé cependant que les