Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La Grèce moderne, héritière lointaine de la Grèce ancienne, a largement bénéficié du culte dont cette glorieuse aïeule est l’objet. Elle lui a dû les sympathies ardentes qui l’ont sauvée de l’oppression des Turcs et défendue à maintes reprises contre ces anciens ennemis. Aujourd’hui même le passé a fait pardonner le présent. Il s’est interposé, comme un dieu tutélaire de l’Iliade, entre la colère des Alliés et la trahison des ministres grecs et de leur souverain. Mais ce passé n’aurait pas empêché les nouveaux Hellènes d’être les dupes de l’Allemagne, insensible à la religion du souvenir et meurtrière des monumens des siècles évanouis.


X

Une esquisse aussi rapide et aussi générale ne saurait donner une idée exacte1 du rôle rempli ni de la place occupée dans le développement historique de l’Europe par les petits États qui figurent parmi les tenans de la lutte mondiale. A plus forte raison ne peut-elle retracer les titres que plusieurs d’entre eux ont acquis à la reconnaissance comme au respect de toutes les nations. C’est pourquoi il m’a paru nécessaire de compléter cet exposé sommaire par des tableaux séparés, consacrés à chacun d’eux. Je parlerai d’abord des États qui, parvenus les derniers à l’indépendance, sont les cadets de la famille européenne. Par une remarquable coïncidence ils occupent à l’une des extrémités du champ de bataille où se joue le sort du monde une terre vouée aux invasions et aux luttes des peuples, la région où l’Islam s’est le plus âprement défendu contre la civilisation chrétienne. Parmi eux se trouve le seul qui ait déserté la cause du droit, pour embrasser celle, plus profitable à ses calculs ambitieux, de la violence et de l’oppression.


BEYENS.