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qui n’étaient guère plus âgés que toi, éclairés par un phare à leur bord, naviguaient comme des étoiles mouvantes, au-dessus de la ville de sainte Geneviève, de sainte Geneviève qui voyait recommencer l’invasion par le chemin des airs.

Petit écolier de France, n’oublie jamais enfin qu’une guerre comme celle-ci, en confondant les classes et les générations, a fondu dans un nouveau creuset les puissances collectives de notre pays. Ces puissances collectives, comme elles se sont exercées par la haine commune dans la guerre contre un injuste agresseur, doivent s’exercer par l’union et par l’amour dans la paix. Omne regnum divisum contra se desolabitur ; et omnis civilas vel domus divisa contra se non stabit. Je te laisse le soin de traduire ce latin limpide, Ton instituteur ou ton curé t’aidera au besoin. La maison, la cité, la patrie, ne doivent pas être divisées. L’ennemi nous aurait causé trop de mal, s’il ne nous avait réconciliés avec nous-mêmes. C’est toi, mon petit, qui seras chargé d’essuyer la face sanglante de la patrie, de la guérir de ses blessures, de lui assurer le bonheur et le renouveau dont elle a besoin. Elle sortira de l’effroyable lutte, respectée, honorée, admirée du monde entier, mais bien lasse. Aime-la pieusement, et puise dans la biographie d’un Guynemer la résolution de fortifier ta jeune volonté pour servir dans ta vie quotidienne, comme il a servi jusqu’à en mourir…)

Henry Bordeaux.