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nique entre comme un coin, par le saillant d’Ypres, dans la forteresse édifiée depuis près de trois ans par la force germanique sur la terre flamande, atteint la ligne des hauteurs, rejette l’ennemi dans le marécage, menace la route de Bruges. Au cours de la première, le général Foch avait eu l’appui de l’armée anglaise du maréchal French ; dans celle-ci, le maréchal Haig, qui mène au combat les IIe (Plumer) et Ve (Gough) armées britanniques, est secondé par la Ire armée française, commandée par le général Anthoine.

L’armée du général Anthoine est venue se ranger en Belgique, à la gauche du groupe des armées de choc britanniques, vers le milieu de juin. Après les lutles épiques du Chemin des Dames et de Moronvillers, engagées les 16 et 17 avril, on pouvait croire les Français fatigués. Les Français ont supporté le poids de la guerre depuis le premier jour. Ils ont à leur compte la Marne et l’Yser en 1914, les innombrables et dures et coûteuses offensives de 1915 en Artois, en Champagne, en Lorraine, en Alsace, Verdun et la Somme en 1916. Ils n’ont jamais cessé d’arrêter ou de refouler l’ennemi. Dans le groupement des Alliés, ils représentent l’invincible opiniâtreté, en même temps que le perfectionnement méthodique des armes et de leur liaison. Or, ces troupes, amenées le 15 juin sur un terrain inconnu d’elles, sont en état d’entrer en ligne le 31 juillet en même temps que les Anglais, passent le canal de l’Yser sur vingt-neuf ponts, l’avant-veille de l’attaque, sans perdre un homme, montrent une habileté de manœuvre, un mordant, un ascendant irrésistibles et augmentent encore noire prestige militaire. Le maréchal Haig a trouvé dans le général Anthoine un exceptionnel collaborateur. Cependant le général Pétain, qui commande en chef les armées françaises, aide à sa manière l’offensive des Flandres en battant l’ennemi sur d’autres points du front ; la IIe armée (général Guillaumat) va remporter sa victoire du 20 août devant Verdun sur les deux rives de la Meuse, et la VIe armée (général Maistre) prépare la belle opération de la Malmaison (23 octobre), qui d’un coup nous donnera tout le Chemin des Dames jusqu’à l’Ailette.

En Flandre, le général Anthoine n’avait pas eu six semaines pour aménager le terrain, organiser les services d’arrière, disposer l’artillerie et les troupes. Mais il n’entendait pas retarder l’offensive britannique et, au jour fixé, il était prêt. Le front