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dans l’Est, et qu’ils ne peuvent pas ne pas vouloir maintenir à la paix générale, est telle qu’aucune des nations du groupe opposé ne peut l’admettre, quelle que soit d’ailleurs la situation créée dans l’Ouest par le traité de paix. Car si, par impossible, les nations de l’Entente consentaient à cette paix de faiblesse et d’abdication, nul doute que l’Allemagne agrandie, devenue plus confiante encore dans sa force et plus désireuse d’hégémonie mondiale, ne poursuive par tous les moyens l’exécution du plan de conquête et de germanisation des peuples voisins qu’elle estime être dans ses destinées.

Ni la Grande-Bretagne, ni les États-Unis, ni l’Italie, ni le Japon, ni aucune des nations qui se sont solidarisées avec nous dans cette guerre, ne peut accepter de transmettre aux générations futures une tâche infiniment plus rude et plus lourde que celle qui leur incombe pour achever nos adversaires actuels.

Quant à notre France, sa situation est infiniment plus nette encore. Si elle laissait se constituer et s’organiser la « plus grande Mitteleuropa » que nous voyons s’ébaucher sous nos yeux, elle tomberait tout de suite à l’état de puissance secondaire, vouée d’abord à la ruine, puis à l’asservissement.

Être ou ne pas être. Si nous voulons vivre, il faut vaincre.


Mais, peut-on répondre, si les Allemands ont acquis, au cours de la guerre, des gages territoriaux considérables, que nous ne pouvons pas laisser entre leurs mains, notre coalition de son côté détient des gages, d’autre nature il est vrai, mais dont l’importance est également vitale pour nos ennemis. Nous occupons la totalité des colonies allemandes ; nous avons la maîtrise des mers ; nous contrôlons la production d’une part très importante des matières premières indispensables à l’industrie allemande. N’est-il pas possible de procéder à un échange ?

La réponse est dans ce fait qu’atteste la lecture de tous les journaux allemands : les succès que leur a valus la trahison des Bolcheviki ont exaspéré jusqu’à la démence chez nos adversaires l’espoir d’hégémonie. Non seulement ils ne songent à rien abandonner de ce qu’ils croient tenir, mais ils visent des conquêtes nouvelles et d’importance non moindre : l’occupation de la côte flamande, l’annexion des bassins de Briey et