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sept heures trente du matin, sur un front de 5 kilomètres environ. « Il avait à conquérir, dit la relation officieuse, les premières positions allemandes, faites de trois et quatre lignes de tranchées, reliées par des boyaux nombreux avec des bois organisés et avec le village fortifié de Curlu. L’élan fut ce qu’on pouvait attendre de ces troupes d’élite, à qui cinq jours d’une préparation d’artillerie intense avaient donné une extraordinaire, confiance. D’un bond les ouvrages allemands furent emportés. En escaladant, à l’Est du village de Curlu, les pentes d’une falaise crayeuse baptisée le Chapeau de Gendarme, les soldats de la classe 16, qui voyaient le feu pour la première fois, agitaient leurs mouchoirs et criaient : « Vive la France ! » On arriva aux premières maisons de Curlu et, comme on pénétrait dans le village, des mitrailleuses, installées aux abords de l’église, se dévoilèrent. Selon les ordres du commandement, on stoppa aussitôt, pour reprendre la préparation. Une demi-heure durant, de dix-huit heures à dix-huit heures trente, l’artillerie de destruction fut mise sur le village. A la nuit, l’infanterie française était complètement maîtresse de la place et y repoussait trois contre-attaques, parties de la direction de Hardecourt et fauchées par nos tirs de barrage. »

Les trois jours suivans furent employés à organiser la position conquise ; puis, le 5, les fantassins du XXe corps repartirent à l’attaque. L’objectif était désormais la seconde position allemande, établie sur la ligne Hem-Hardecourt. L’attaque eut lieu à la droite du secteur contre Hem et contre le plateau qui est au Nord de ce village. A huit heures trente, les tranchées allemandes étaient enlevées entre la Somme au Sud et la route de Péronne au Nord. A dix heures cinquante-cinq, la plus grande partie de Hem était prise, et, à sept heures du soir, les dernières maisons étaient occupées, ainsi que les petits bois sur le mouvement de terrain à l’Est de Curlu.

Le 8, le XXe corps se reporta une troisième fois à l’assaut, cette fois par sa division de gauche, en direction de Hardecourt, en liaison avec les troupes britanniques qui attaquaient le bois des Trônes. Les troupes sortirent des tranchées à neuf heures trente ; à dix heures dix, elles avaient dépassé Hardecourt, et s’y maintenaient contre trois retours offensifs dirigés de Maurepas.

Ainsi du 1er au 8, le XXe corps, au Nord de la Somme, avait