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« Élevons nos cœurs, unis en une pense’e fraternelle d’admiration respectueuse et reconnaissante pour le héros que la Ire armée n’oubliera jamais, pour son héros dont elle était si fière, et dont la grande ombre planera toujours dans l’Histoire sur le souvenir de ses actions en Flandre.

« Les ombres comme celle de Guynemer guident seulement, quand on sait les suivre, vers la voie triomphale qui, à travers les ruines, les tombeaux et les sacrifices, conduit à la victoire les forts et les justes. »


La cérémonie a pris d’elle-même un caractère sacré. La parole qui termine les oraisons vient naturellement aux lèvres de l’officiant, tandis qu’il salue, du sabre qui s’incline vers la terre, l’ombre invisible :

— Ainsi soit-il !…

Et la sonnerie du drapeau couvre les voix de la mer et du vent.


VI. — AU PANTHEON

Dans la crypte du Panthéon « destiné à la sépulture des grands hommes, » sur une plaque de marbre scellée à l’une des parois, on gravera le nom de celui-ci. De quelle inscription le faire suivre, sinon du texte même de sa dernière citation :


« Mort au champ d’honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Aniiné de la foi la plus inébranlable dans la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable qui exaltera l’esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations. »

— Mériter une telle citation et mourir ! s’est écrié un tout jeune aspirant après l’avoir lue.

Dans le Vol de la Marseillaise, Rostand nous montre les douze victoires de pierre qui, dans le caveau des Invalides, sont assises en cercle autour du sarcophage de l’Empereur, se levant pour accueillir la victoire de la Marne. Au Panthéon,