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les yeux bleus de Mimouche, de « sa nymphe aimée, » de sa « poupette, » sont tout son horizon.

La première version de la Nuit d’Octobre est-elle celle que nous connaissons ? Y en eut-il une autre plus dure encore peut-être pour la femme à l’œil sombre ? Un billet de Musset à ce sujet le ferait croire :

« Voilà mon épreuve, mon cher ami, et je vous prie de n’y plus rien changer. »

Buloz y avait donc changé quelque chose ?

Ce billet n’est pas daté, mais ce qui suit le date suffisamment : Musset se plaint d’une cruelle correction « à la page 209 vers 2, on m’avait mis : « l’homme a besoin de pleurs, » — il faut « l’homme a besoin des pleurs. »

On a reconnu les vers qui sont dans toutes les mémoires ;

Pour vivre et pour sentir, l’homme a besoin des pleurs ;
La joie a pour symbole une plante brisée,
Humide encor de pluie et couverte de fleurs, etc.


Avant de mentionner la nomination de Musset au poste de bibliothécaire à l’Intérieur, il faut noter que déjà, l’année précédente, le prince royal avait songé à lui et voulait lui confier le poste d’attaché d’ambassade à Madrid. Paul n’en dit rien dans la Biographie ; il ne fait allusion à ce projet que dans sa notice : « Alfred objecta son peu de fortune… Mais malgré sa jeunesse, il ne se sentit pas le courage de rompre avec les liens de famille, d’habitude et d’amitié, qui rattachaient à la vie parisienne… » Bref, il refusa. La lettre suivante, adressée au directeur de la Revue, et écrite en 1837, fait allusion à cette nomination, qui forcerait le poète à quitter Paris, etc.


« Mon cher ami,

J’ai ce soir de fortes raisons pour croire que les bonnes intentions du prince royal pour moi vont se réaliser. Je vous disais ce matin que cela se ferait tout de suite, ou pas du tout. Voici ce que j’ai à vous demander à ce sujet.

« Quoiqu’il ne s’agisse pas de partir maintenant, vous comprenez que je ne puis rien accepter si je suis revenu ici. D’autre part, la moindre apparence de désordre dans mes affaires, avec